Lit funéraire romain complet et vestiges de la cité saxonne découverts à Londres
Les archéologues anglais ont effectué deux découvertes remarquables ces dernières semaines, lors de deux chantiers de fouilles à des endroits différents de Londres, l’un remontant à l’époque romaine et à l’autre à la période saxonne.
Un lit funéraire romain complet sur le site d’une nécropole.
Le premier site de fouilles se situe près du viaduc de Holborn, où de nouveaux bureaux devraient être construits. A l’époque antique, cette zone se situait en périphérie de Londinium, près de la grande route romaine de Walting Street, et était utilisée comme nécropole. Les fouilles ont été réalisés par des archéologues de MOLA, une entreprise spécialisée dans les recherches archéologiques. Lors des excavations, ils ont retrouvé un lit funéraire. Fabriqué en chêne de haute qualité, il a des pieds sculptés et des articulations fixées par de petites chevilles en bois. La découverte est remarquable car il s’agit du premier lit funéraire complet remontant à cette période retrouvé en Grande Bretagne. Or, il y est très rare de trouver des objets en bois sur des sites archéologiques. Mais dans ce cas, la rivière Fleet, située à proximité, a préservé les matériaux dans de la boue humide.
Les chercheurs pensent que le lit funéraire a été utilisé durant la cérémonie d’enterrement, à l’époque romaine. Le défunt était peut-être transporté sur le lieu des funérailles, où l’objet a ensuite été démonté et placé dans la tombe. Il serait donc une offrande funéraire à utiliser dans l’au-delà, et de nombreuses pierres tombales trouvées dans l’empire romain représentent le défunt allongé sur un lit.
Outre le lit, aucune autre objet funéraire n’a été trouvé dans cette tombe spécifique. En revanche, l’étude du reste du cimetière a conduit à la découverte de plusieurs objets dans d’autres sépultures, et notamment une fiole en verre, des bijoux avec des perles de jais et d’ambre et une lampe décorée. Selon l’équipe de MOLA, son motif représente un gladiateur vaincu, et elle daterait du tout début de la période romaine en Angleterre, entre 48 et 80.
Les traces d’une ville saxonne retrouvées sous la National Gallery de Londres.
Plus loin dans la capitale anglaise, c’est sous la prestigieuse National Gallery que les archéologues d’Archaeology South-East ont fait une autre découverte intéressante : des vestiges de la cité saxonne de Lundenwic. Après l’effondrement de la domination romaine en Grande-Bretagne, Londinium tombe en ruine avant d’être quasiment abandonnée. Les Anglo-Saxons, nouveaux maîtres de l’Angleterre, fondent une petite ville connue sous le nom de Lundenwic à 1,5 km du site de Londinium, dans la zone actuelle du Covent Garden.
Lundenwic change plusieurs fois de mains au VIe siècle, alors que l’Angleterre est divisée en sept royaumes, une période connue comme l’Heptarchie. Elle appartient d’abord à l’Essex, puis au royaume de Mercie, dont les archéologues auraient identifié des vestiges de la résidence royale, et enfin au Wessex.
Au IXe siècle, les raids répétés des Vikings conduisent à l’abandon de Lundenwic et au repeuplement de Londinium, protégée par ses remparts romains. La Chronique anglo-saxonne indique que le roi Alfred le Grand « refonde » une nouvelle fois Londres, connue alors sous le nom de Lundenburg.
C’est au cours de fouilles sous l’aile Sainsbury de la National Gallery, s’inscrivant dans un projet de réaménagement lié aux célébrations du bicentenaire du musée, que les archéologues ont retrouvé du matériel saxon. Un foyer, des trous de poteaux, des fosses, fossés et dépôts de nivellement ont été mis au jour. La datation au carbone 14 du foyer a permis d’établir une fourchette de dates pour ces trouvailles s’étalant de 659 à 774.
Les fouilles à la National Gallery ont été une occasion incroyable d’étudier des sites archéologiques intéressants et de participer à des activités de sensibilisation vraiment remarquables. Les preuves que nous avons découvertes suggèrent que le centre urbain de Lundenwic s’étend plus à l’ouest qu’on ne le pensait à l’origine. Cela a été d’autant plus passionnant que nous avons eu la chance de partager ces informations, et leur lien avec l’archéologie londonienne, avec les jeunes de cette ville.
Stephen White, directeur des fouilles du Jubilee Walk pour Archaeology South-East
Crédits de l’image de couverture : MOLA