Trésor byzantin de pièces d’or et bijoux trouvé à Hippos en Israël
C’est le 25 septembre 2025 que l’Université de Haïfa a annoncé avoir mis au jour, dans l’ancienne ville d’Hippos (Sussita), un trésor remarquable renfermant 97 pièces d’or pur ainsi que des fragments de parures datant des VIe et VIIe siècles. Hippos était une cité antique et byzantine située près de la mer de Galilée, sur les pentes du plateau du Golan. Cette trouvaille apporte un nouvel éclairage sur la vie dans la ville pendant les dernières années de l’ère byzantine. En effet, le trésor aurait probablement été dissimulé lors d’un événement dramatique : l’invasion du Proche-Orient byzantin lancée en 614 par Perses Sassanides.
Une découverte majeure de l’époque byzantine sur le sol israélien.
Le trésor est demeuré enfoui et préservé pendant près de 1 400 ans. Sa découverte, survenue en juillet, résulte d’un heureux hasard : elle s’est produite dans une zone fouillée six ans auparavant, mais qui n’était plus au cœur des recherches actuelles. Edie Lipsman, opérateur muni d’un détecteur de métaux, se déplaçait entre deux secteurs du site lorsqu’il a buté contre une pierre. L’appareil s’est alors activé. La pierre, logée entre deux murs en basalte, se trouvait dans une couche de destruction carbonisée, récemment fragilisée par les pluies hivernales. En retirant les débris, les premières pièces d’or ont commencé à émerger du sol.
« C’est l’un des plus grands trésors de l’époque byzantine jamais découverts sur terre en Israël. Ce qui le rend unique, c’est la combinaison de bijoux et de pièces d’or provenant des règnes de plusieurs empereurs. L’or est un métal noble. Trouver des pièces et des bijoux vieux de près de 1 400 ans en parfait état, c’est une expérience rare. »
— Dr. Eisenberg, co-directeur des fouilles de Hippos-Sussita, de l’Institut Zinman d’archéologie et du Département d’archéologie de l’Université de Haïfa.
Des pièces d’or rares et des fragments de bijoux.
Le trésor découvert comprend 97 pièces en or massif, accompagnées de nombreux éléments de joaillerie, parmi lesquels des boucles d’oreilles finement ornées de verre coloré, de perles et de pierres semi-précieuses. La diversité de ces objets suggère que leur propriétaire exerçait peut-être le métier d’orfèvre. Une inscription datée de 556, dégagée dans l’église martyrium de Théodore à Hippos, mentionne d’ailleurs un certain Symeonios, orfèvre de profession, comme donateur.
Les monnaies couvrent plusieurs types de valeurs : des solidus (pièces pleines d’environ 4,45 grammes), des semissis (équivalant à un demi-solidus) et des tremissis (un tiers de solidus). Les pièces en or sont extrêmement rares en Israël. L’une d’elles, frappée en 610 dans un atelier militaire – possiblement itinérant – situé à Chypre, ne constitue que le deuxième exemplaire connu à ce jour dans le pays. Ce type de pièce offre un précieux témoignage sur la période agitée du début du VIIe siècle.
Il s’agit d’un trésor purement byzantin, dont les pièces peuvent être précisément datées. Elles vont de l’empereur Justin Ier (518 à 527) jusqu’au début du règne d’Héraclius (610-613). Cela permet de préciser la date à laquelle le trésor a été enterré, et la motivation de cacher ces objets de valeur pour les protéger d’un pillage probable.
La cité antique et byzantine d’Hippos et sa disparition.
Antiochia Hippos, appelée Sussita en araméen, se situe à environ deux kilomètres à l’est de la mer de Galilée, à une altitude de 350 mètres. Elle fut fondée dans l’Antiquité par les rois séleucides au IIe siècle av. J.-C. Pendant la période byzantine (330–636 apr. J.-C.), Hippos devint une ville chrétienne importante, avec au moins sept églises en activité.
La découverte du trésor éclaire cependant les événements dramatiques vécus par la cité et sa région du début du VIIe siècle, une période charnière. Engagés dans une guerre dévastatrice contre les Sassanides, les Byzantins faisaient aussi alors face à des troubles internes : le général Héraclius et son fils s’étaient rebellés contre l’empereur Phocas (602–610), frappant leurs propres monnaies en marchant vers Constantinople – certaines de ces pièces, présentes dans le trésor, sont considérées comme rares.
Les preuves archéologiques montrent que l’église martyrium de Théodore a été incendiée lors de l’invasion sassanide de 614, d’où son surnom d’« église brûlée ». Certains chercheurs suggèrent qu’elle n’aurait peut-être pas été détruite par les Sassanides eux-mêmes, mais par des Juifs de Tibériade alliés aux envahisseurs. C’est probablement dans ce contexte troublé que le trésor fut caché.
Les Byzantins reprirent Hippos vers 629, mais le propriétaire du trésor ne revint jamais le réclamer. Dès 636, les Arabes envahissent la région et la ville tombe entre leurs mains. Les nouveaux dirigeants déplacèrent le centre administratif régional à Tibériade, et Hippos entre dans un long déclin. Sa destruction finale survint lors du tremblement de terre dévastateur de 749, après quoi la ville fut définitivement abandonnée.

« Les communautés solides ont été reconstruites après le séisme, mais les plus faibles ont été abandonnées. Pour Hippos, le tremblement de terre fut le coup de grâce. »
– Dr. Eisenberg.
Les fouilles à Hippos sont dirigées par le Dr. Eisenberg depuis 26 ans. Elles ont permis de révéler les vestiges de sept églises construites entre le Ve et le début du VIe siècle, toutes encore utilisées au VIIe siècle. La mise au jour de ce trésor remet également en question les hypothèses sur le déclin de Hippos à la fin de la période byzantine. Des fouilles antérieures avaient révélé des bâtiments moins impressionnants que ceux des périodes précédentes, amenant les archéologues à supposer une perte de richesse et un mode de vie plus simple. Pourtant, le trésor démontre que certains habitants restaient fortunés et que la ville conservait une certaine prospérité.
Le trésor de Hippos offre un aperçu exceptionnel d’une période charnière de la cité et de sa région. Le monde byzantin de l’époque bascule en effet dans une période de crise et d’instabilité, marquée par des troubles internes et des invasions extérieures, d’abord par les Sassanides, puis par les Arabes. Ses pièces et bijoux révèlent non seulement la richesse, mais aussi la résilience et l’incertitude d’une ville et de sa population, prises dans les tumultes de temps troublés.

