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Un labyrinthe enfoui sous Mitla, le « lieu des morts » des Zapotèques

Une étude géophysique a révélé l’existence de structures et de tunnels souterrains sous Mitla. Ce site archéologique est associé à la culture zapotèque, centré dans la vallée d’Oaxaca, l’une des plus importantes cultures préhispaniques du Mexique. Pour ce peuple, Mitla avait une importance mystique particulière et était considéré comme le « lieu des morts ». Les missionnaires espagnols y ont décrit l’entrée de tunnels.


La civilisation zapotèque, une grande culture précolombienne.

La civilisation zapotèque apparaît à la fin du VIe siècle avant notre ère, dans les vallées centrales de l’Etla. Elle est donc bien plus ancienne que l’implantation des Aztèques au Mexique, alors qu’elle chevauche bien plus largement la chronologie maya. Leur âge d’or se situerait entre 250 et 750 de notre ère. Par la suite, la puissance des Zapotèques décline et à partir du XIe siècle, sont confrontés à la poussée des Mixtèques sur leur territoire. Cependant, en 1280, les deux peuples s’allient contre un danger plus grand : les Aztèques. Puis finissent par s’allier avec eux. L’arrivée des Espagnols et la chute de Tenochtitlan bouleversent les équilibres de la région. Le dernier roi de Zaachila, le seul royaume zapotèque existant à cette époque, se convertit au christianisme en 1526. Accusé par la suite de toujours pratiquer son ancienne religion, il fut soumis à une série de procès jusqu’à sa mort en 1562. Son royaume fut alors intégré dans le vice-royaume mexicain. Le peuple zapotèque ne disparaît pas pour autant et fait toujours partie du Mexique moderne.

Les Zapotèques avaient développé des techniques de constructions sophistiquées, notamment visibles dans leur principal centre rituel et cérémoniel, Monte Albán. Ils possédaient aussi un système d’écriture, deux systèmes calendaires et de grandes connaissances agronomiques leur permettant de mettre en valeur leurs terres et de soutenir une large population.


Le site archéologique de Mitla, le « lieu des morts », et son labyrinthe.

Mitla était l’un des centres de la culture zapotèque, centrée dans l’Etat mexicain moderne de Oaxaca. Son nom viendrait de « Mictlan », qui signifie « lieu des morts » ou « monde souterrain » en nahualt. Les Zapotèques, eux, le nommaient « Lyobaa », ce qui signifie « lieu du repos ». Le site est connu depuis le XVIIe siècle et, bien que petit, a livré des vestiges époustouflants témoignant de la sophistication de la civilisation zapotèque.

Selon la légende locale, l’église aurait été construite à l’entrée d’un labyrinthe souterrain, servant de passage entre le royaume des vivants et celui des morts. Ce serait la raison du nom du lieu en nahualt. Le chroniqueur dominicain Francisco Burgos en donne une description saisissante lorsque les missionnaires espagnols entrent dans le labyrinthe en 1647.

La corruption et la mauvaise odeur, l’humidité du sol et un vent froid qui éteignait les lumières étaient tels qu’au peu de distance qu’ils avaient déjà parcourue, ils résolurent de sortir et ordonnèrent que cette porte infernale soit complètement fermée avec de la maçonnerie ».


Le projet Lyobaa

L’initiative vise à caractériser le sous-sol, à déterminer les situations de risque potentiel pour les structures, ainsi qu’à identifier d’éventuels éléments souterrains, tels que des plates-formes, des murs, des tunnels ou des tombes dans la zone archéologique de Mitla et dans la municipalité de San Pablo Villa de Mitla, à Oaxaca. Le projet est mené depuis 2016 grâce à une collaboration dirigée par l’INAH (Institut national d’histoire et d’anthropologie). L’équipe a utilisé différentes technologies : radar à pénétration de sol, tomographie de résistivité électrique et interférométrie du bruit sismique ambiant pour explorer les caractéristiques archéologiques potentielles des lieux.

Des irrégularités ou des anomalies dans le sous-sol qui pourraient correspondre à des tunnels dans cet espace font partie des résultats obtenus par le projet Lyobaa, une étude dirigée par le ministère de la culture du gouvernement mexicain, par l’intermédiaire de l’Institut national d’anthropologie et d’histoire (INAH), avec le soutien et la collaboration de spécialistes de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM). En particulier, les chercheurs ont identifié dans la zone centrale du site, les chercheurs ont repéré trois quadrilatères reliés par des tunnels qui remontent probablement à la période post-classique tardive, dans les années 1200. Ils ont aussi étudié la place quadrangulaire où se trouve l’église de Saint-Paul, construite sur les vestiges d’un temple préhispanique.

L’archéologue Denisse Argote a déclaré : « Nous avons pu déterminer que, bien que le noyau de la structure soit solide, la fondation de l’église historique nécessite une intervention à court terme pour garantir sa conservation, des mesures doivent donc être prises pour assurer sa stabilité structurelle. Il y a des fissures dans le bâtiment historique, car il n’a pas de fondations et, en dessous, dans ce qui correspond aux restes du bâtiment préhispanique, il semble qu’il y ait des zones avec de petites cavités ».

Ces résultats semblent donc bien corroborer la légende d’un labyrinthe enfoui. Des recherches ultérieures permettront peut-être d’en apprendre davantage sur ce mystérieux labyrinthe, et de vérifier les dires des missionnaires espagnols…

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