Une des plus vieilles églises d’Angleterre retrouvée sur l’île sainte de Lindisfarne
Petite île de 4km² située au large des côtes du Northumbrie, Lindisfarne a joué un rôle si important dans la christianisation de la Grande-Bretagne qu’elle est aujourd’hui connue sous le nom de « holy island« , l’île sainte. Siège de l’un des plus anciens monastères d’Angleterre, dont la destruction par les Vikings aurait frappé de stupeur l’Occident chrétien, l’île est aujourd’hui un terrain privilégié pour les archéologues qui fouillent l’une de ses plus vieilles églises.
L’île sainte de Lindisfarne.
C’est à la requête du roi Oswald de Northumbrie (634-642) que le moine irlandais saint Aidan serait venu du monastère d’Iona, installé sur la côte ouest d’Ecosse. Face à la résidence royale de Bamburgh, il fonde à la fin de l’année 634 un prieuré sur une petite île, accessible seulement à marée basse. Après sa mort en 651, le prieuré de Lindisfarne, qui est aussi l’unique siège épiscopal de Northumbrie durant environ 30 ans, devient très vite un centre spirituel majeur. Sous l’action de ses abbés et évêques, comme saint Cuthbert, le prieuré joue un rôle primordial dans l’évangélisation du nord de l’Angleterre et du royaume de Mercie. Preuve de l’éclat de l’île à cette époque, l’évangéliaire de Lindisfarne, produit au VIIIe siècle, est l’un des plus beaux et des plus célèbres manuscrits enluminés des îles britanniques.
Cependant, un événement complètement inattendu se produit en 793. Des envahisseurs venus de la mer attaquent et pillent le monastère. C’est l’un des premiers raids des Vikings, qui connaît un grand retentissement dans l’Occident chrétien, au point que l’on considère souvent cet épisode comme le début des âges vikings. Ce n’est pourtant que le début : à partir de 835, les Danois entreprennent la conquête en règle de l’Angleterre depuis le Kent. En 873, ils atteignent le royaume de Northumbrie qu’ils détruisent rapidement. Les moines de Lindisfarne fuient alors leur monastère, emportant avec eux les objets de valeurs et les reliques de saint Cuthbert.
Pour en savoir plus sur la conquête de l’Angleterre par les Vikings :
Un immense camp viking découvert près de York.
Le roi Edmond, martyrisé par les Vikings, repose-t-il sous un cours de tennis?
Abandon et renaissance.
Pendant près de 200 ans, les moines sont donc absents de l’île. Mais la conquête de l’Angleterre par les Normands en 1066 marque non seulement la fin du royaume anglo-saxon d’Harold Godwinson, mais aussi celle des entreprises de conquêtes des Vikings, et le pays retrouve une certaine stabilité.
En 1093, un monastère bénédictin est réimplanté sur l’île, mais à un endroit différent du prieuré originel, à la place duquel est construite l’église paroissiale. L’abbaye va fonctionner pendant plus de 400 ans, jusqu’à sa dissolution en 1536 sous le règne d’Henri VIII. De nombreuses pierres des bâtiments sont par la suite réutilisées pour construire l’impressionnant château de Lindisfarne, édifié à partir de 1550, mais de nombreux vestiges de ce second monastère sont cependant toujours visibles aujourd’hui.
A la recherche des premières églises du prieuré.
Mais ce ne sont pas les vestiges du second monastère ou du château qui intéressent à l’heure actuelle les archéologues, mais plutôt les traces des premières implantations monastiques sur l’île. Or, les dernières fouilles semblent avoir permis la découverte des restes d’une des premières églises de l’île. Selon Peter Ryder, un archéologue spécialisé dans les églises et impliqué dans les fouilles, il s’agirait de « l’une des découvertes du début de la période médiévale les plus importantes effectuées en Grande-Bretagne dans les dernières décennies ».
L’église était construite à seulement deux ou trois mètres de la falaise, dans un lieu appelé « le précipice » par les locaux. Les moines semblent avoir choisi l’endroit le plus difficile pour y édifier l’édifice qu’ils ont placé sur un promontoire rocheux complètement exposé et extrêmement venté. Pourquoi ? Probablement pour des raisons symboliques. L’édifice fait en effet face au château de Bamburgh, siège du premier patron de l’abbaye, le roi chrétien Oswald de Northumbrie qui avait fait venir saint Aidan. Or l’église, perchée au-dessus d’une falaise haute de 20 mètres, était aussi partiellement construite en grès blanc. Cette pierre, qui réfléchit bien le soleil, devait la rendre bien visible du château et lui donner une apparence éclatante.
Quant à la datation de l’édifice, les archéologues penchent pour la fin du VIIe siècle. La douzaine de pièces de maçonnerie retrouvées, comprenant des cadres de fenêtre grossièrement travaillés (suggérant que le maçon savait mieux travailler le bois que la pierre), ainsi que le style très primitif de la construction, renforcent cette hypothèse, tout comme la position de l’autel.
Pourtant, il est presque certain qu’il ne s’agit pas de l’église initiale du VIIe siècle, car les sources rapportent qu’elle était construite complètement en bois. On sait aussi que les moines révéraient tellement ce premier édifice qu’au VIIe ou début du VIIIe siècle, ils le recouvrirent de plomb pour le préserver et que plus tard, alors que les raids vikings menaçaient, le démontèrent pour la transporter sur le continent, cherchant ainsi à éviter sa destruction.
Les ruines d’une tour de signalisation.
Sur le même promontoire, les archéologues ont aussi découvert les fondations massives de ce qui semble avoir été une grande tour de signalisation. De forme carrée, longue de 8 mètres, avec des murs épais de 2,5 mètres, elle aurait pu mesurer jusqu’à 12 mètres de haut. Les chercheurs pensent qu’elle aurait pu servir à envoyer des messages simples vers le château royal, situé à environ 6 km au sud, ou avec les moines vivant sur les îles Farne, un archipel situé à environ 10 km à l’est. Cette utilisation est attestée par les sources historiques, qui décrivent ainsi comment une tour sur un promontoire avait été utilisée pour communiquer la mort de saint Cuthbert en 687.
– Lindiſfarn: [lī’disfarn]
île à 3 km, à l’Est des côtes Britanniques, où le samedi 8 janvier 793, les Pictes (ethnie ur-Keltiſkr des Highlands) firent l’ultime raid de leur histoire, pillage et massacres furent mis sur le compte des Northmænn: « hommes du Nord » en old-english (les Pictes étaient au Nord des îles Britanniques), pris à tort (ou à dessein par la propagande politico-religieuse des clercs chrétiens) pour le Norðanmaðr: « hommes du Nord » norrois (d’où Norðmaðr: « Norwegien »). La Chronique anglo-saxonne date le raid des Hommes du Nord le 8 janvier, et il n’est pas fait mention des Vikings, car justement l’on sait que les Vikings n’en faisaient pas l’hiver. De plus Alcuin qui travaillait pour Charlemagne, écrivant un poème à ce propos : De clade lindisfarnensis monasterii, et 5 lettres à diverses personnalités anglaise de l’époque, parle de « Païens », et c’est justement le surnom que l’on donnait volontiers aux Pictes du Nord, contrairement à ceux du Sud qui étaient chrétiens. C’est 3 siècles plus tard que l’anglo-saxon Simeon de Durham, un pseudo « historien » propagandiste chrétien à la solde de Rome, mit le raid sur le compte des Vikings.