Les mystères d’une antique pyramide juive près de Jérusalem
Tout le monde a entendu parler des pyramides égyptiennes, mais qui sait que d’autres ont été élevées au Proche-Orient ? C’est pourtant le cas, et les fouilles qui auront lieu sur une pyramide juive peu connue au sud-ouest de Jérusalem permettront peut-être de lever quelques uns des mystères de ce site qui a suivi la turbulente histoire de la Judée antique.
Des fouilles pour percer les mystères d’une pyramide
Les archéologues de l’université hébraïque devraient reprendre en juillet pour la deuxième année consécutive les fouilles sur le site de Khirbet Midras (Horvat Midras en hébreu), dans les collines au sud de Beit Shemesh. Mais cette fois, la massive structure pyramidale visible sur le site sera l’un des objets de cette campagne, qui permettra peut-être aussi de révéler si l’une des tombes creusées dans le calcaire de la colline sous la pyramide était associée au monument.
Les fouilles se concentreront cette année autour de la base de la pyramide, dans l’espoir de retrouver des vestiges qui permettraient de dater le monument ; certaines pierres du monument seront aussi soulevées pour tenter de voir si l’intérieur du monument pourrait aussi contenir des indices.
Les pyramides juives
Car la pyramide de Khirbet Midras, considérée comme l’une des plus grandes et des mieux préservées d’Israël depuis son repérage dans les années 50, est le témoin d’une des pratiques funéraires des habitants de la Judée dès la fin de la période du Premier Temple (-960 à -586) et jusqu’à la période du Second Temple (-536 à 70).
Les sources historiques le confirment : le livre des Macchabées décrit comment Simon Macchabée construisit un complexe funéraire près de Modiin, avec « sept pyramides se faisant face pour son père, sa mère et ses quatre frères » tués lors de la révolte contre les Séleucides.
La construction de tels monuments funéraires, appelés nefesh en hébreu, faisait partie des coutumes funéraires juives visant à honorer les morts, et pouvait faire pendant à un caveau funéraire. Des constructions similaires la pyramide de Khirbet Midras remontant aux époques hellénistiques et romaines sont visibles dans les collines alentours, mais aussi autour de Jérusalem.
Cependant, les pyramides juives présentes en Judée sont bien différentes des égyptiennes. Leurs faces ne sont pas lisses, mais plutôt en gradin, et surtout elles sont de proportions bien plus réduites. Celle de Khirbet Midras constitue ainsi un carré de dix mètres de côté, et aurait pu atteindre 4,8 mètres de hauteur lors de sa construction – aujourd’hui, elle n’atteint que 3,5 mètres.
Un site à l’histoire agitée
Outre déterminer quand et pour qui la pyramide a été édifiée, les fouilles de juillet auront aussi pour but de mieux connaître l’histoire de ce site, déjà habité à l’époque perse, puis hellénistique et qui a atteint son zénith à l’époque romaine. Au Ier et IIe siècle, il est cependant frappé de plein fouet par la turbulente histoire de la Judée et les guerres juives : lors de la deuxième, en 70, le site est partiellement détruit et abandonné.
Des structures souterraines ont été aménagées postérieurement pour soutenir la révolte de Bar-Kokhba au cours de la troisième guerre juive (133-135). S’appuyant sur une défense fondée sur des tunnels et des grottes, dont des traces ont été retrouvées dans des centaines de sites de l’époque, cette révolte entraîne une répression implacable de Rome. Une grande partie de la population de Judée est impitoyablement massacrée et la plupart de ses villes et villages, y compris Khirbet Midra sont totalement détruits.
Par la suite, le site est néanmoins repeuplé – ainsi, une église byzantine comprenant une remarquable mosaïque a été fouillée ces dernières années. Un des enjeux de ces nouvelles fouilles sera aussi de déterminer quand, et par qui. L’enjeu des nouvelles fouilles sera aussi de déterminer quand et par qui.