Un petit coup de jeune pour l’aqueduc de Ségovie
On a beau être l’un des aqueducs romains les mieux conservé du monde et l’un des symboles de l’Espagne, on peut parfois encore réserver des surprises. De récentes découvertes prouvent en effet que le célèbre aqueduc de Ségovie, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est plus jeune que ce que l’on pensait jusqu’alors.
On considérait traditionnellement que cet édifice avait été édifié en 98 après JC, datation qui se fondait sur des recherches menées dans les années 90 et qui s’appuyait notamment sur des chevilles utilisées autrefois pour soutenir de grandes lettres de bronze, dont certaines subsistèrent jusqu’au XVIe siècle. L’historien et épigraphe Géza Alföldy, de l’université d’Heidelberg, avait alors émis l’hypothèse, acceptée par la communauté scientifique, que le texte aurait été une dédicace pour l’accession à la pourpre de l’empereur Trajan en 98.
Mais de nouvelles études archéologiques ont montré qu’il avait été plutôt quelques années plus tard. Elles s’appuient sur des analyses des trouvailles faites lors d’une fouille réalisée en 1998 sur l’emplacement de trois piliers de l’aqueduc situés sur la Plaza del Azoguejo, à l’endroit où l’édifice mesure 29 mètres de haut. En particulier, deux éléments retrouvés dans le matériel ayant servi à remblayer les fondations des piliers ont contribué à reconsidérer la datation traditionnelle : des débris de céramiques provenant d’ateliers de La Rioja et réalisés dans le premier tiers du IIe siècle, et une monnaie frappée entre 112 et 116. Ce serait donc dans ces années là que l’aqueduc aurait été réalisé, encore sous le règne de Trajan qui vécut jusqu’en 117.
Et pour rester à la pointe de la science, les autorités de Ségovie ont déjà fait revoir les dates sur les prospectus touristiques…