Le temple funéraire du pharaon Aménophis III et les colosses de Memnon
Le gigantesque temple funéraire édifié par le pharaon de la XVIIIe dynastie Aménophis III (-1391/1388 à -1353/1351) faisait face à Thèbes, la capitale de l’Egypte à cette époque. Il se trouve aujourd’hui face à la ville moderne de Louxor, dans la zone archéologique de Kom el-Hettan. On le connait surtout pour les colosses de Memnon, célèbres dès l’antiquité. Seuls vestiges visibles de ce temple des millions d’années autrefois monumental, ils ont longtemps fait oublier les vestiges de cet immense temple des millions d’années disparu et négligé par les recherches archéologiques jusque dans les années 2000.
Un temple des millions d’années gigantesque.
Amenhotep III, qui délaisse à la fin de sa vie de plus en plus souvent Memphis, la capitale du nord, pour Thèbes, décide de faire construire son temple funéraire dans la même zone que nombre de ses prédécesseurs, du côté ouest du fleuve, au pied des nécropoles.
Le temple qu’il fait construire occupe un vaste rectangle de 600 mètres sur 100. Il était ceint d’une gigantesque enceinte de brique crue et comptait deux pylônes. Les célèbres colosses de Memnon, de 16 mètres de haut et 650 tonnes, ornaient son entrée extérieure.
Un temple funéraire ruiné dès l’antiquité.
Bien que le temple des millions d’années d’Amenhotep III ait compté parmi les plus grands édifiés par un pharaon, il n’a pas très bien traversé l’épreuve du temps, à la différence du Ramasséum voisin ou d’autres temples funéraires.
En effet, il semble qu’un séisme l’ait endommagé dès le règne de Ramsès II, puis à nouveau en -27. Par ailleurs, la proximité du Nil et de ses crues a aussi entraîné sa ruine rapide. De fait, il n’en restait probablement déjà plus grand chose à la fin de la période pharaonique, si ce n’est deux colosses.
Les colosses de Memnon.
De fait, il semble qu’il n’en restait déjà plus à l’époque gréco-romaine que les célèbres colosses de Memnon. Ceux-ci deviennent cependant à cette époque une attraction et un pèlerinage important : réputés pour chanter à l’aube, ils sont considérés comme un oracle. A tel point que deux empereurs romains s’y rendent : Hadrien et Septime Sévère. Ce dernier ordonne la restauration des colosses en 199 : dès lors, leurs chants – peut-être lié à un phénomène naturel lié à l’humidité et au vent passant à travers les fissures des statues.
Un site délaissé par les archéologues.
Au XIXe siècle, les chasseurs de trésor y prélèvent quelques statues : des sphinx iront embellirent les bords de la Néva, à Saint-Pétersbourg, tandis que des statues d’Amenhotep III prennent le chemin du British Museum ou du Louvre.
Mais le site, où ne sont plus visibles que quelques fragments de pierre et les deux colosses de Memnon qui ont survécu jusqu’à nos jours, n’intéresse quasi jamais les archéologues. Des fouilles limitées sont menées dans les années 50 et 70, mais ne livrent que de maigres vestiges et restent sans suite.
Le site continue de s’abîmer sans vraiment être étudié, jusqu’à ce que dans les années 90, l’archéologue d’origine arménienne Hourig Sourouzian n’entreprenne une action de sauvegarde de grande ampleur. Elle parvient à le faire classer en 1998 sur la liste des 100 monuments les plus en danger du l’ONG américaine WMF (Fonds mondial pour les monuments). Puis, le projet de conservation du temple d’Amenhotep III et des colosses de Memnon est initié dans les années 2000. Grâce à des fonds privés, des fouilles sont entreprises qui ont depuis livré régulièrement une très riche statuaire, et permettent au temple funéraire de livrer peu à peu ses secrets.
Sekhmet, divinité omniprésente du temple.
C’est l’apport essentiel des fouilles de ces dernières années. Des dizaines de statues ont été mises à jour, notamment de la déesse Sekhmet. Elle est parfois figurée debout, parfois assise, tenant dans certains cas un sceptre de papyrus dans la main gauche, et le symbole de la vie dans la droite.
Au total, près de 720 auraient pu se trouver dans le temple, dont près d’une centaine ont été retrouvées, intactes ou en fragment. Les annonces de ce type sont assez régulièrement relayées par la presse.
Pourquoi autant de statues de Sekhmet ? Jean Yoyotte a suggéré qu’on avait donné de l’importance à cette divinité pour deux raisons : ses fonctions curatives, afin de soigner toute maladie possible du pharaon, mais aussi car elle jouait un rôle important dans le jubilé royal, en « protégeant le roi-soleil contre les ennemis du soleil ». La déesse Sekhmet était en effet connue pour protéger son père, le dieu-soleil Rê, contre ses adversaires.
Une riche statuaire.
Outre les statues de Sekhmet, le site comptait des centaines de stèles et de statues. Dès le XIXe siècle, certaines sont prélevées et gagnent les grands musées européens, notamment le Louvre et le British Museum. Deux sphinx sont également transportés jusqu’en Russie et iront embellir les bords de la Neva, à Saint-Pétersbourg.
Depuis la reprise des fouilles, 287 statues ont été retrouvées, et ce nombre ne cesse de croître. Parmi elles se trouvent de nombreuses autres statues d’animaux : sphinx-lion, sphinx-crocodile, de chacals, de scarabées, ainsi que d’un hippopotame blanc.
D’autres représentent le pharaon Amenhotep III, souvent accompagné de son épouse Tiye. Plusieurs colosses ont d’ailleurs été redressés sur le site, dont un de 13 mètres et de 50 tonnes. Les autorités égyptiennes ont en effet l’ambition de le transformer en un grand musée en plein air présentant les trouvailles effectuées sur le terrain.
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Statue de la reine Tiye découverte dans le temple funéraire d’Amenhotep III à Louxor.
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