Sous Mossoul dévasté, un palais assyrien pillé par Daech
Un palais assyrien sous la tombe de Jonas
La tombe et la mosquée du prophète Jonas ne se situent qu’à quelques centaines de mètres au sud du site archéologique de Ninive, ancienne capitale des rois assyriens et objet de fouilles depuis le XIXe siècle. Mais il semble que l’Etat islamique ne se soit pas contenté de détruire les édifices à la surface. En effet, un réseau de tunnels a été découvert sous les ruines de la mosquée après la libération de la ville en février. Ces tunnels, creusés pour accéder aux vestiges antiques situés en profondeur, ont permis à Daech de piller le sous-sol, à la recherche de vestiges archéologiques à revendre au marché noir.
Une centaine de poteries ont été retrouvées, ainsi que de nombreux bas-reliefs dans les tunnels, trop volumineux pour pouvoir en être extraits par les djihadistes. Ces vestiges proviendraient du palais du roi assyrien Assarhaddon, dont l’existence était connue, mais qui n’avait jamais fait l’objet d’explorations archéologiques.
Assahardon régna de -681 à -669, s’imposant contre ses frères après à une brève guerre civile ayant suivi le meurtre de son père Sénachérib. Il reconstruisit la ville de Babylone, détruite par son père, et mena plusieurs campagnes militaires. Il vainquit notamment la XXVe dynastie égyptienne (les célèbres pharaons noirs), prit et pilla Memphis et établit la suzeraineté assyrienne sur la Basse-Egypte. Il y mourut d’ailleurs au cours d’une campagne en -669, et l’influence assyrienne en Egypte ne lui survécut guère : le pharaon Psammétique Ier, dont un colosse brisé aurait été retrouvé récemment près du Caire, prend le contrôle de toute la vallée du Nil moins de dix ans plus tard.
Des vestiges importants mais toujours menacés
Naturellement, les dommages causés par les fouilles sauvages et le pillage sont terribles, et de nombreuses informations sont perdues pour les chercheurs. Cependant, ce qui demeure encore permet déjà de saisir de nouveaux aspects de la civilisation assyrienne.
Ainsi, outre deux sculptures murales en marbre blanc figurant des taureaux ailés – partiellement visibles, deux sculptures murales représentant quatre femmes de face ont été retrouvées ; or l’art assyrien représente d’ordinaire plutôt les personnages de profil.
Ces vestiges sont pourtant pour l’heure toujours menacés : les ruines du tombeau de Jonas au sommet exercent une pression considérable sur la colline percée de tunnels comme un gruyère. De nombreux effondrements dans les galeries ont été recensés, et l’on craint un affaissement général du site, qui viendrait endommager encore davantage les restes encore présents.
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