17 ans d’effort pour restaurer un lit-dragon chinois vieux de 2500 ans
L’annonce a été faite par les autorités archéologiques de la province du Sichuan, au sud-ouest de la Chine. Ce « lit-dragon » extrêmement rare avait été découvert en l’an 2000 dans un complexe funéraire de Chengdu, la capitale du Sichuan. Cette cité a une longue histoire derrière elle, et fut notamment une des capitales du royaume de Shu au IVe siècle avant notre ère. Les archéologues y effectuent régulièrement des découvertes importantes, comme 200 cercueils en forme de bateau vieux de plus de 2000 ans ou bien les ruines d’un temple bouddhique légendaire remontant au IVe siècle.
« Certaines parties du lit étaient dispersées dans plusieurs cercueils en forme de navire au moment de sa découverte, et il a fallu aux archéologues et à leur équipe 17 ans pour restaurer le lit dans sa forme originelle, en utilisant le meilleur de leur savoir-faire et diverses techniques », a commenté Xiao Lin, qui a dirigé les travaux de restauration et de conservation.
Le lit mesure 2,55 mètres de long pour 1,3 mètres de large (loin d’une version king size). Il atteint en revanche 1,8 mètres de haut et est constitué par 45 différents morceaux, solidement liés entre eux par des mortaises et des tenons. Il serait à l’heure actuelle le plus ancien et le mieux préservé de tous les lits laqués jamais retrouvés en Chine. Son ornementation, très riche, comporte des motifs de dragon rouge cinabre sur le côté.
« D’après sa structure et ses motifs, le lit était très probablement utilisé par un ancien roi du royaume de Shu, qui gouverna la région au début de la période des royaumes combattants, il y a 2500 ans », a déclara quant à lui Yan Jinsong, l’archéologue qui a dirigé les fouilles sur le site du complexe funéraire où a été exhumé le lit. « Les signes que les artisans ont laissé sur le lit sont largement liés à la langue utilisée dans le royaume Shu, ce qui offre des indices nouveaux et de grande valeur aux archéologues afin de déchiffrer cette langue ancienne encore mystérieuse ».
Le royaume de Shu s’épanouit dans le bassin assez isolé du Sichuan jusqu’à sa destruction par les Qin en -316. Il reste encore assez méconnu, et pour cause. Il était complètement ignoré avant la découverte du site de Sanxingdui en 1987, qui a constitué une surprise majeure. Les archéologues y ont en effet mis à jour les traces d’une culture semi-chinoise inconnue qui y prospérait depuis le deuxième millénaire avant notre ère, et que l’on identifie depuis avec ce royaume oublié.