Plusieurs km d’une voie antique détruits au bulldozer en Turquie
Quatre kilomètres d’une route pavée, vieille d’environ 2300 ans, ont été détruits dans la province d’Aydin, dans l’ouest de la Turquie. Cette région, appelée Carie dans l’antiquité, a été colonisée par le peuple grec des Doriens dès le XIe siècle avant notre ère, et comptait une grande densité de cités antiques.
Une route majeure de la Carie antique.
Les réseaux routiers étaient vitaux pour le commerce et la circulation des personnes entre ces dernières. La construction de routes pavées représentait cependant une lourde charge pour les communautés antiques et n’était entrepris que pour les routes les plus importantes.
La voie en question courait notamment dans les monts du Latmos et reliait plusieurs anciennes cités entre elles : Héraclée du Latmos, Myus, Alinda, Alabanda, Tralles, ainsi que les vallées du Méandre et du Marsyas. La voie pavée est aujourd’hui encore visible de presque partout dans les monts du Latmos. Elle a été utilisée durant des siècles depuis sa construction, et est aujourd’hui encore pratiquée par les villageois des environs et les randonneurs. Jusqu’à présent, l’ouvrage était encore bien préservé, même si certains tronçons avaient souffert de l’érosion.
Mais durant les six derniers mois, des locaux ont détruit 4 kilomètres de cette route antique au bulldozer dans le but d’étendre leurs plantations d’olivier. Les dommages ont eu lieu dans le district de Söke, près du village de Tekeler. Suite à des plaintes, des membres de l’EKODOSD (‘Association de Protection de l’Ecosystème et des Amoureux de la Nature) ont examiné la zone avec des membres du bureau de préservation de l’héritage culturel et naturel d’Aydin. Ils ont constaté que des parties de la voie avaient été complètement détruites, et que d’autres avaient été recouverts.
Le président de l’EKOSOSD, M. Bahattin Sürücü, milite pour la protection de l’ancienne route et a lancé des démarches auprès des autorités. « Ce genre de route pavée ne devrait pas être endommagé », a-t-il déclaré, « ses pierres ne devraient pas être retirées et elles devraient être interdites à la circulation de véhicules. Ainsi, elles seront protégées pour les générations futures. Les voies antiques sont une partie importante de notre héritage culturel. Tout le monde devrait s’inquiéter de leur protection. Des routes millénaires sont un atout important pour les activités liées à l’écotourisme dans cette région. Un véritable projet contribuerait à la fois au développement économique local, au tourisme dans la région et à la protection des vestiges ».
La préservation du riche patrimoine turc est rendue plus difficile par le développement économique rapide du pays, entraînant une pression immobilière importante dans de nombreux endroits sensibles. Par ailleurs, de grands projets d’infrastructures sont en cours malgré leur l’impact parfois très lourd, comme dans le cas de la réalisation d’un barrage près d’Hasankeyf.