Découverte à Munich d’un village celte et romain complet vieux de 2 300 ans
Des archéologues ont découvert un ancien village celte et des vestiges d’une plus petite colonie romaine sur des terrains agricoles au Lerchenauer Feld, à Feldmoching, dans la banlieue nord de Munich. La découverte a eu lieu lors d’une étude archéologique préalable au développement d’une nouvelle zone résidentielle. C’est le premier village celte retrouvé complet et cohérent dans la capitale bavaroise.
Un village du second âge du fer.
L’histoire de la culture celtique est divisée en deux cultures archéologiques : le premier âge du fer (culture de Hallstatt), d’environ -1200 à -500, et le second âge du fer (ou culture de La Tène), entre -450 et -25. La culture de La Tène, du nom du site suisse fouillé au XIXe siècle où ont été mises en évidence les caractéristiques de cette période, constitue l’apogée de la culture celtique et son extension géographique maximale. Elle s’achève avec les conquêtes romaines, notamment de la Gaule, et les migrations germaniques vers le sud de l’Allemagne.
Le village fouillé par les archéologues allemands était donc peuplé de Celtes durant le second âge du fer, avant d’être conquis et intégré par les Romains à leur empire. Par la suite, des populations continuent d’y vivre jusque vers l’an mille.
Les archéologues ont retrouvé un grand nombre de maisons – ou plus exactement, les trous de poteaux, aujourd’hui visibles sous forme de cercles, qui en sont les vestiges. Ils prouvent que la communauté accueillait environ 500 personnes à l’âge du fer, ce qui est considérable pour l’époque dans cette région.
Munich est et était une grande ville. Il y a 2000 ans, les gens ont afflué ici pour s’installer dans ce qui était alors la région métropolitaine. Jusqu’à présent, nous n’avons pu que supposer qu’il y avait de grands établissements partout dans l’agglomération munichoise actuelle. L’étude approfondie du Lerchenauer Feld a permis de combler cette hypothèse et de combler une lacune dans la recherche. »
Mathias Pfeil, conservateur général à l’Office bavarois de la conservations des monuments.
L’organisation du village celte mise en lumière.
Au centre de la communauté se trouvait une structure carrée massive, mesurant 20 mètres sur 20, entourée d’arcades en bois qui ressemblaient à des colonnes. Selon les chercheurs, il pourrait s’agir d’un endroit où la communauté se réunissait pour les temps forts de la vie communautaire, prendre des décisions ou prier.
Les maisons étaient de tailles différentes, et répondaient à des plans divers. Des traces d’argile suggèrent que les habitants vivaient dans des maisons en bois à colombages, l’argile étant utilisé comme matériau de remplissage selon une technique qui a perduré jusqu’à nos jours.
De plus, les archéologues ont retrouvé les cimetières du village. Un premier groupe de tombes appartient à l’âge du fer, tandis qu’un autre correspond à la période romaine (IIIe – IVe siècle), une période où l’habitat était plus dispersé qu’à l’époque celte. Le matériel retrouvé dans les tombes montre que la région devait être fertile à l’époque et que les villageois pratiquaient l’agriculture. A noter parmi le matériel découvert : des pièces de vaisselle (dont une assiette et une cruche à anse presque intacte) et un gobelet en pierre ollaire (un terme regroupant plusieurs pierres à la fois molles et résistantes) enterrés aux pieds d’un défunt de la période romaine ; une lame de faucille (une découverte rare, les outils ayant rarement été placés dans les sépultures).
Les chercheurs ont effectué quelques autres découvertes remarquables dans les tombes, comme une broche en émail ou des céramiques, tandis qu’une boucle en bronze magnifiquement ouvragée a été retrouvé dans l’un des puits.
Cependant, à la fin de l’empire romain, les habitants semblent avoir soudainement quitté le village. Par la suite, son emplacement reste largement inoccupé. Les chercheurs pensent que des changements climatiques dans la région sont peut-être la cause de ce bouleversement, que les fouilles de Feldmoching permettront peut-être de mieux comprendre.