Découverte archéologiqueGrèce antique

Deux temples doriques grecs découverts à Paestum en Italie

Poséidonia, également connue sous le nom de Paestum, est une cité antique située située en Campanie, à une centaine de kilomètres au sud de Naples. Son histoire fascinante débute vers -600, lorsque des colons venus de la cité grecque de Sybaris, en Calabre, s’installent sur le site. Son nom dérive de Poséidon, le dieu grec de la mer, témoignant de son lien étroit avec la navigation et le commerce maritime. La cité devient un grand centre religieux dont les vestiges impressionnants sont parvenus jusqu’à nous, faisant de Paestum l’un des sites antiques les plus emblématiques d’Italie.


Poséidonia – Paestum, une centre religieux important en Italie du Sud.

Au VIe et Ve siècles avant notre ère, la nouvelle cité est intégrée dans un vaste réseau d’échanges économiques et noue des relations avec les peuples voisins, notamment les Campaniens et les Etrusques. Elle jouit d’une grande prospérité et concrétise sa richesse par l’édification de plusieurs temples de grandes dimensions. Vers -550, un premier grand temple dorique est édifié et dédié à Héra. Un second sanctuaire est dédié à Athéna vers -500, puis un second temple également consacré à Héra autour de -460 (souvent désigné sous le nom de « temple de Poséidon).

Cependant au Ve siècle, les Lucaniens, un peuple italique vivant dans la région, prennent possession de la cité (alors non fortifiée) dans des circonstances peu claires. La ville est renommée Phaiston mais son importance n’est pas remise en cause. L’aristocratie lucanienne s’y installe, comme en témoignent les nombreuses tombes fastueuses construites durant la période lucanienne qui dure d’environ -420 à -270.

En -273, les Romains conquiert la cité, qui prend alors le nom de Paestum. Elle jouit de privilèges importants durant la période romaine, qui voit cependant l’Italie du sud se romaniser. La ville se couvre alors des monuments classiques pour une ville romaine : amphithéâtre, forum, rempart.

La ville commence à décliner à la fin de l’antiquité. Elle survit durant la première moitié du Moyen Âge, mais l’arrivée des Normands lui porte un coup définitif, et le site est abandonné. Paestum n’est cependant jamais oubliée, et ses vestiges monumentaux commencent à attirer les artistes et voyageurs au XVIIIe siècle. Au XIXe siècle, des fouilles archéologiques de grande ampleur débutent sur le site, qui se poursuivent encore de nos jours pour mieux comprendre l’un des sites antiques les plus emblématiques de l’Italie du Sud.


Deux temples doriques jusqu’alors inconnus.

C’est dans ce contexte que les archéologues italiens ont découvert deux temples de style dorique, jusqu’alors inconnus, lors de recherches dans la partie occidentale du site, à proximité des murs d’enceinte. Ils datent tous deux du début du Ve siècle avant notre ère. Cette découverte est significative, car hormis les grands temples et les nécropoles, la plupart des vestiges de Paestum parvenus jusqu’à nous remontent à l’époque romaine.

Le premier temple, le plus récent, remonte au début du Ve siècle avant notre ère. Il présente des vestiges bien préservés du stylobate, c’est à dire la plateforme en gradins qui soutenait le temple, qui mesurait 11,5 mètres sur 7,6. D’autres éléments architecturaux sont encore visibles, comme les colonnes qui entouraient la cella – le sanctuaire intérieur qui abritait une statue ou une image de la divinité vénérée dans le temple. Les archéologues ont aussi retrouvé des fragments des chapiteaux qui surmontaient les colonnes, qui sont comparables au plus ancien temple d’Héra de la cité.

Les fouilles archéologiques ont aussi permis de retrouver les traces d’un autre temple, plus ancien, situé au même endroit. Les archéologues pensent que ce sanctuaire se serait effondré au VIe siècle. Certains de ses éléments architecturaux et de ses pierres ont été réutilisés pour la structure du nouveau temple.

L’importance de cette découverte va au-delà de l’architecture et de l’histoire du sanctuaire, car elle élargit aussi considérablement la connaissance du tracé urbain de la ville. En effet, les fouilles ont aussi permis de retrouver une route parallèle au temple, dont l’orientation est différente de celles des remparts situés à proximité. Cela permet de prouver définitivement qu’à la fin du VIe siècle, lorsque le temple le plus ancien a été édifié, Poséidonia n’avait pas encore de murs défensifs.

Les récentes découvertes confirment qu’il y a encore beaucoup à faire à Paestum [Poseidonia] en termes de fouilles, de recherche et de valorisation. Après des décennies de recherche, le ministère de la Culture donne une impulsion à des initiatives notables ».

Gennaro Sangiuliano, ministre de la culture.

Crédits de l’image de couverture : Ministère italien de la culture

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