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Retour sur les fouilles de la nécropole romaine d’Autun et son vase rarissime

L’année archéologique a été chargée pour la sous-préfecture de Saône-et-Loire, aux portes du Morvan ! Deux découvertes très importantes ont en effet eu lieu durant ces derniers mois : la découverte de la tombe du chancelier Rolin, une personnalité marquante du Moyen-Âge bourguignon, mais aussi les fouilles menées sur une nécropole antique, qui nous replongent à l’époque romaine, où Autun était une ville très importante.


Augustodunum, grande ville gallo-romaine.

Car si Autun est aujourd’hui une ville moyenne d’environ 20000 habitants, Augustodunum était à l’époque romaine une cité gallo-romaine de premier plan. Fondée au début du règne d’Auguste (-27 à 14), elle devient la nouvelle capitale des Eduens, qui abandonnent leur ancien oppidum, Bibracte, situé à quelques kilomètres. La nouvelle ville se développe et voit l’édification de nombreux édifices monumentaux, dont certains sont parvenus jusqu’à nous, et nous rappellent son importance. C’est le cas de son théâtre, le plus grand de toute la Gaule, avec une capacité de 14000 personnes. Et ce n’est pas tout ! La ville en comptait même un deuxième, à l’extérieur de ses murs, encore enterré. Il était associé à un sanctuaire, dont les ruines sont aujourd’hui connues sous le nom de « temple de Janus » (même si on ignore en fait quelle divinité y était vénérée).

La cité souffre des troubles qui marquent les derniers siècles de la domination romaine, puis des invasions barbares. Mais le christianisme qui s’y répand précocément va faire de la ville un important centre religieux, siège d’un évêque, qui permet à Autun de maintenir une certaine importance au Moyen-Âge. Autant dire que le potentiel archéologique de la ville est aujourd’hui encore considérable.




Une nécropole chrétienne de l’antiquité tardive.

Les fouilles menées par l’INRAP sur un terrain privé de 1350 m2 en témoignent. Elles se situent près de l’église Saint-Pierre-l’Estrier, une église remontant au XIe siècle située près d’une basilique beaucoup paléochrétienne, aujourd’hui complètement disparue. Dans l’antiquité, une importante nécropole se situait là, qui resta en usage pendant près de deux siècles, entre le milieu du IIIe et le milieu du Ve siècle. Jusqu’au XIXe siècle, de nombreux vestiges de sarcophages et de monuments funéraires y étaient d’ailleurs encore visibles. Il est probable que les personnes qui décidaient de se faire inhumer dans cette nécropole, établie près d’une des premières basiliques chrétiennes de la région, appartenaient à cette nouvelle religion. C’est d’ailleurs de ce site que provient l’inscription de Pectorios, découverte en 1839. Ce texte épigraphique, rédigé en grec entre le milieu du IIe et la fin du IVe siècle, est l’une des plus anciennes inscriptions chrétiennes de Gaule.

Le sarcophage de grès retrouvé sur les fouilles. Son contenu n’était malheureusement que mal conservé.

Au cours des excavations de 2020, les archéologues ont mis au jour pas moins de 231 sépultures. Les modes d’inhumation au sein de la nécropole étaient très variés : cercueils de bois – dont il ne reste souvent que les clous, sarcophages de grès, mais aussi de plomb (souvent retrouvés écrasés par le poids de la terre), une pratique assez rare en Gaule. Une tombe en particulier combinait deux sarcophages, le premier en grès, et le second à l’intérieur du premier en plomb. Les archéologues avaient l’espoir de retrouver son contenu en bon état, mais ont constaté en l’ouvrant que les ossements baignaient dans la boue.

Les tombes ont par ailleurs livré un mobilier funéraire riche, montrant qu’il s’agissait d’une nécropole utilisée par les notables de la ville. En font foi plusieurs trouvailles effectuées au cours des fouilles : des fils d’or utilisés pour des vêtements aujourd’hui disparus, mais aussi des bijoux. Dans la tombe d’un enfant ont ainsi été retrouvé des bracelets et des boucles d’oreille en or, dans une autre une petite bague ornée d’un grenat, ou encore un lot d’épingles en ambre très pur, « sans comparaison dans le monde romain », a estimé Nicolas Tisserant, archéologue de l’INRAP et responsable adjoint des opérations.

Mais l’objet le plus remarquable retrouvé dans les fouilles est sans doute un vase en verre d’un type extrêmement rare.





Un rarissime vase diatrète, chef d’œuvre des verriers romains.

Ce vase diatrète du IVe siècle a été retrouvé dans une tombe romaine à Cologne en 1960.

Ce type de vase, en verre réticulé, apparaît à la fin d’antiquité, autour du IVe siècle. Il constitue un témoignage de la maîtrise du travail du verre des Romains. Le nombre d’exemplaires complets de vases diatrètes connus à ce jour se monte à une dizaine à peine. Celui découvert à Autun est le premier retrouvé à ce jour en Gaule, et le dernier à avoir été retrouvé l’avait été dans les années 1970 à Taranes, en Macédoine du Nord.

C’est pourquoi la découverte de l’exemplaire d’Autun est exceptionnelle. Haut de 12 cm pour un diamètre de 16 cm, le vase est orné de motifs décoratifs sculptés, eux-mêmes réhaussés de lettres en relief formant les mots « Vivas feliciter » (vis heureux).

Le vase devrait être soigneusement nettoyé, étudié et reconstitué. Nul doute qu’il constituera une pièce remarquable dans le musée où il sera exposé.

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