Une frise du plus grand temple grec dorique repêchée au large d’Agrigente
Des archéologues sous-marins italiens ont annoncé la découverte d’un morceau de frise en marbre submergé au large de la Sicile. Selon les experts, il appartenait à l’un des plus grands temples du monde grec antique, le temple de Zeus de l’ancienne Akragas. Connu aujourd’hui sous le nom d’Agrigente, les vestiges de cette ancienne cité constituent l’un des sites archéologiques les plus célèbres d’Italie, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Agrigente et la vallée des temples.
La cité antique d’Akragas, située sur la côte sud de la Sicile, était autrefois l’une des plus importantes cités grecques de l’île. Fondée vers le VIe siècle avant notre ère par des colons grecs venus de Gela, une autre cité sicilienne, Agrigente prospéra rapidement pour devenir un centre politique, culturel et économique majeur de la région. Connu sous le nom d’Akragas à l’époque grecque, la cité était célèbre pour sa richesse et son pouvoir, symbolisés par ses impressionnants temples doriques. L’apogée d’Agrigente sous le règne du tyran Théron et son successeur Gelon voit la cité prospérer, étendant son influence sur une grande partie de la Sicile et rivalisant avec les grandes cités grecques du continent. Cependant, cette période de gloire fut suivie par des périodes de conflits, notamment avec Carthage, et finalement par la conquête romaine au IIIe siècle avant notre ère.
La vallée des temples était le centre cérémoniel d’Akragas, où se trouvaient ses monuments les plus remarquables. Il comprenait notamment le temple de la Concorde, le temple de Junon, le temple d’Héraclès, le temple de Castor et Pollux, le temple de Vulcain et le temple d’Asclépios. Aujourd’hui, plusieurs de ces temples sont parvenus jusqu’à nous dans un état de conservation exceptionnel, et le site est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Cependant, le sanctuaire le plus ambitieux de tous était l’Olympeion, le temple de Zeus.
Le temple de Zeus, le plus grand temple dorique du monde grec.
Le temple de Zeus était le plus grand temple utilisant l’ordre dorique de tout le monde grec. Ses dimensions gigantesques en faisaient aussi le troisième plus grand temple jamais édifié, après l’Artémision d’Ephèse et le Didyméion de Milet. La tradition rapporte que le tyran Théron aurait ordonné sa construction en -480 pour célébrer la victoire d’Himère sur les Carthaginois, mais il est possible que la construction ait débuté dès avant cette époque.
Il mesurait 112 mètres de long sur 56 mètres de large. Des dimensions colossales pour un temple qui n’aurait jamais été achevé : l’historien grec Diodore de Sicile rapporte que sa construction fut interrompue par la conquête d’Akragas par les Carthaginois en -406. Par la suite, le temple est victime d’un incendie, et endommagé au cours des siècles par plusieurs séismes.
Une morceau de frise déplacé pour servir à la construction de Porto Empedocle.
En 1401, un tremblement de terre aurait provoqué l’effondrement du temple de Zeus. On sait par des sources historiques que des blocs sont alors transportés vers Porto Empedocle pour construire le nouveau port. Tous à bord de bateaux qui arrivaient dans la région d’Empedocle par le fleuve Akragas. L’un d’entre eux a pu, de manière crédible, se retrouver au fond de la mer. L’exploitation des matériaux du temple se poursuit jusqu’au XVIIIe siècle au profit des agglomérations voisines, ce qui explique que les vestiges du temple de Zeus soient aujourd’hui bien moins impressionnants que celui d’autres temples d’Agrigente.
L’hypothèse que la frise ait suivit le même chemin, pour finir au fond de l’eau au cours du transfert, devra être étayé par des preuves, mais les experts trouvent cette hypothèse crédible. En effet, le bloc a été retrouvé à 300 mètres de la côte sicilienne, à une profondeur de 9 mètres sous la surface de l’eau, vers San Leone, non loin de l’embouchure du fleuve Akragas. C’était le chemin que suivaient les matériaux pour être acheminés vers Porto Empedocle.
Une pièce maîtresse du fronton du temple
En réalité, cette pièce était connue depuis longtemps. Elle figurait sur la carte archéologique comme une simple citerne. Une attribution qui n’a cependant jamais convaincu le BCsicilia Underwater Group. Son équipe, dirigée par l’ingénieur Gaetano Lino a effectué une étude en 3D en octobre 2022. Lors du traitement des photos, une image est apparue semblant indiquer la présence d’une frise du tympan d’un temple. Le processus de récupération mis en route après avoir informé les autorités archéologiques locales de cette découverte, a aboutit après deux tentatives infructueuses à cause de la turbidité de l’eau à sortir la frise de l’eau.
Le bloc mesure environ 2 mètres de long sur 1,6 mètre de haut. Il est fait de marbre de Proconnèse, provenant des carrières de l’île de Marmara Adası, aujourd’hui en Turquie. D’un côté, une frise sculptée représentant un cheval cabré ornait probablement la façade extérieure du tympan de la structure du temple. Les chevaux étaient un thème artistique typique dans les structures importantes de la Grèce antique, servant de représentation symbolique du pouvoir et de la force.
La découverte extraordinaire a été immédiatement signalée à la Surintendance de la mer afin de récupérer la pièce exceptionnelle, qui a finalement été ramenée sur le rivage ce matin »
Représentant de BSicilia, groupe à but non lucratif