Splendides gemmes trouvées lors de fouilles de thermes romains en Angleterre
Les archéologues de Carlisle, une ville du nord de l’Angleterre, ont effectué leurs premières fouilles au Carlisle Cricket Club en 2017. L’importance apparente des vestiges justifie le début, l’année suivante, d’une grande campagne de fouille communautaire. A l’époque, c’était la plus grande de ce type dans le nord de l’Angleterre.
Ces fouilles ont mis au jour les restes d’un complexe monumental de thermes des premiers siècles de notre ère, qui constitue à l’heure actuelle le plus grand bâtiment romain trouvé sur le mur d’Hadrien, une partie du limes (frontière fortifiée) protégeant la partie romanisée de l’île des attaques venues des tribus vivant sur le territoire de l’actuelle Ecosse.
La découverte d’un tel monument à Carlisle n’est pas surprenante : la ville était une colonie romaine et était connue sous le nom de Uxelodunum. Elle était située près de l’extrémité ouest du mur d’Hadrien. Pendant toute la période romaine, Carlisle demeura un important centre militaire et économique, servant de plaque tournante pour les échanges et le commerce dans la région. De nombreuses découvertes archéologiques de cette époque attestent l’importance de la colonie : une nécropole près de la cathédrale, découverte au XIXe siècle ; un fort romain, probablement du Ier siècle, dans les environs au début du XXe ; une portion de l’une des routes principales de la ville et les vestiges de nombreux autres édifices et maisons.
Cependant, la découverte de ces thermes illustre bien le haut niveau de civilisation et de prospérité de la colonie. Le principal résultat des fouilles, et le plus spectaculaire, est la découverte de pierres fines, trouvées dans le drain des bains, en usage vers 200 de notre ère. Ces gemmes finement gravées sont appelées intailles quand elles sont gravées en creux et camées lorsqu’elles sont gravées en relief. Les Romains étaient passés maîtres dans cet art et nous ont laissé de nombreux chefs d’œuvre témoignant de leur savoir-faire. Pas moins de trente-quatre gemmes ont été récupérées sur le site. Les chercheurs pensent qu’elles ont été perdues au troisième siècle en raison de l’environnement chaud, vaporeux et humide des bains publics, qui a entraîné la détérioration de la colle et le détachement des pierres précieuses des bagues et bijoux. Les archéologues ne pensent pas que le dépôt ait eu une signification rituelle, contrairement à ce qui a été suggéré pour les intailles découvertes dans les thermes romains de Bath.
Bien que Carlisle soit une ville de garnison à l’époque romaine, très peu d’intailles ont un lien militaire évident et comprennent plutôt des représentations de divinités telles que Fortuna, Bonus Eventus, Apollon et Cérès. Les pierres fines ont été trouvées à côté de belles épingles à cheveux, ce qui suggère que beaucoup d’entre elles appartenaient à des femmes. Le style particulier de l’intaille en jaspe rouge pourrait indiquer la présence d’un atelier de bijouterie situé à Carlisle même, et approvisionnant la zone du mur d’Hadrien.