Cités et sanctuaires : les grands sites archéologiques de la Grèce antique

Découvrez les grands sites archéologiques de la Grèce antique, considérée comme le berceau de la civilisation occidentale, qui dépassait à l’époque largement le cadre géographique du pays moderne. En deux millénaires, les Grecs vont étendre leur culture et le rayonnement de leur civilisation à une grande partie du monde connu de l’époque. Tout d’abord par la colonisation du VIIIe siècle avant notre ère, qui voit la fondation de nombreuses cités sur les bords de la mer Noire, en Italie du Sud (la Grande Grèce), en Sicile, mais aussi sur les côtes françaises, et espagnoles, et jusqu’en Egypte et en Cyrénaïque. Puis, par son incroyable épopée, le roi macédonien Alexandre repousse les frontières du monde grec jusqu’à l’Asie centrale et l’Inde : le monde hellénistique connaît alors son extension la plus grande, avant que les Romains ne s’affirment et finissent par unir le bassin méditerranéen, tout en épousant la culture grecque.

Voici quelques uns des sites archéologiques et historiques les plus significatifs de la Grèce ancienne.


Athènes

Au premier plan des cités-Etats grecques, Athènes connut un destin exceptionnel. Autour de son acropole, la cité consacrée à Athéna s’affirma dès l’époque archaïque et classique. Sur le plan politique, elle fut un adversaire acharné des Perses lors des guerres médiques. Elle devient ensuite l’une des deux forces principales du monde grec avec Sparte, avant de voir sa puissance brisée lors de la guerre du Péloponnèse. Mais si la force politique d’Athènes disparaît, son rayonnement culturel demeure durant toute l’antiquité. Car la cité est considérée comme le berceau de la démocratie, et fut un foyer intellectuel de premier plan, notamment pour la philosophie, la politique, la métaphysique et l’éthique, avec des figures comme Socrate, Platon ou Aristote. L’art dramatique n’était pas en reste, avec Eschyle, Sophocle ou Euripide. Forte de cet héritage et de prestige, Athènes demeure un centre majeur de la civilisation grecque durant toute l’antiquité, et ne perd son importance qu’avec l’affirmation du christianisme. Aujourd’hui encore, son héritage architectural est immense, avec le Parthénon et les monuments emblématiques de l’Acropole, mais aussi de nombreux vestiges dispersés dans toute la ville et de fréquentes découvertes archéologiques.

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Le sanctuaire de Delphes

Le sanctuaire de Delphes, consacré à Apollon, était considéré comme le centre du monde. Sa renommée était en grande partie due à son oracle : la pythie. Le temple d’Apollon et le sanctuaire, comprenant un théâtre et un stade qui servaient lors des jeux pythiens, était l’un des plus importants du monde grec. Depuis le le XIXe siècle, c’est aussi un des plus grands sites archéologiques de Grèce et un terrain de recherche pour l’Ecole française d’Athènes. L’importance historique du sanctuaire et ses riches vestiges ont justifié son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

>> Delphes, le sanctuaire d’Apollon et son oracle


Le sanctuaire d’Olympie

Olympie est un autre site archéologique majeur de la Grèce antique au rayonnement mondial. Situé dans le Péloponnèse, Olympie était principalement dédié à Zeus dont le temple renfermait la statue chryséléphantine du dieu, l’une des sept merveilles du monde antique. Mais Olympie était aussi célèbre pour ses jeux, qui débutèrent en -776 et se tenaient tous les quatre ans. Le sanctuaire attirait alors des athlètes de tous le monde grec. Les jeux furent interdits en 426 (avant d’être ressuscités au début du XXe siècle) et des séismes endommagèrent gravement le sanctuaire dans les siècles suivants. La statue de Zeus fut aussi perdue. Cependant, le rayonnement d’Olympie en fit l’un des sites privilégiés des archéologues et le sanctuaire. Exploré depuis le XIXe siècle par les archéologues, le site a livré des trouvailles remarquable et est aujourd’hui inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.


Sparte, la cité guerrière

Sparte, située dans la région du Péloponnèse en Grèce antique, était une cité-État réputée pour sa société militaire et son mode de vie austère. Sparte mettait l’accent sur la formation militaire et la discipline et les Spartiates, élevés dans des conditions strictes dès leur enfance, étaient des guerriers redoutables. Ces valeurs distinguaient profondément la cité et explique que, à la différence d’Athènes, Sparte n’ait eu que très peu de rayonnement culturel. Son site archéologique est lui aussi peu frappant, la cité n’ayant jamais été particulièrement monumentale. Cependant, sa place dans l’histoire explique que son site archéologique et ses vestiges aient reçu une certaine attention de la part des chercheurs.


Mycènes, forteresse mycénienne.

Retour en arrière avec Mycènes. Situé dans le Péloponnèse, c’était un centre majeur de la civilisation mycénienne, prospérant entre le XVIe et le XIIe siècle avant notre ère. Dans la mythologie, elle est associée à son roi légendaire Agamemnon, l’un des héros de la guerre de Troie. Mycènes reste surtout connue pour ses impressionnants murs cyclopéens, construits à partir de gigantesques blocs de pierre, et sa porte des lions. Le site archéologique comprend cependant d’autres éléments importants comme le palais royal, les tombes à tholos. L’influence culturelle de Mycènes a été étendue à travers le monde égéen, et son déclin au XIIe siècle avant notre ère a marqué la fin de la période mycénienne. Aujourd’hui, le site archéologique de Mycènes, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, est l’un des meilleurs témoins de cette période lointaine.


Eleusis, la cité de Déméter et ses mystères.

Éleusis est une ancienne cité située à environ 20 kilomètres au nord-ouest d’Athènes. Elle a joué un rôle significatif dans la mythologie grecque et dans la pratique des mystères éleusiniens, l’un des cultes les plus célèbres de la Grèce antique. Son importance religieuse était indéniable, car elle était associée aux déesses Déméter et de sa fille Perséphone. Le mythe de l’enlèvement de Perséphone par Hadès et sa résurrection symbolisait le cycle de la vie, de la mort et de la renaissance, ainsi que les saisons de l’agriculture. Le sanctuaire d’Éleusis était le centre des mystères éleusiniens, des rituels et des cérémonies initiatiques secrets qui promettaient l’espoir d’une vie après la mort pour les initiés. En dehors de son aspect religieux, Éleusis était également un important centre culturel et artistique, avec des festivals, des concours de musique et de théâtre, attirant des artistes et des intellectuels de toute la Grèce. Les vestiges archéologiques d’Éleusis comprennent les ruines du sanctuaire, du théâtre, des temples et d’autres structures, offrant aux visiteurs un aperçu fascinant de son passé glorieux et de son héritage culturel profondément enraciné dans l’histoire antique de la Grèce.


Corinthe, cité de l’amour et des plaisirs.

Corinthe, située sur l’isthme du Péloponnèse, occupait une position stratégique clé, contrôlant le passage maritime entre la mer Ionienne et la mer Égée. Sa prospérité était alimentée par le commerce maritime florissant, faisant d’elle l’une des cités les plus riches et prospères de la Méditerranée durant l’antiquité. Dotée de deux ports, un sur la mer Ionienne et l’autre sur la mer Égée, Corinthe était un centre commercial animé et la ville aurait pu compter presque 100000 habitants vers -400. Son acropole abritait le célèbre temple d’Aphrodite, la déesse de l’amour, et la cité était considérée comme la capitale des plaisirs, connue pour ses mœurs dissolues. La destruction de la ville par les Romains en -146 ne remit pas en cause sa prospérité : la cité demeure un grand centre à l’époque romaine et même la capitale de la province de Grèce en -44.

Le site archéologique de Corinthe, fouillé depuis 1896 par l’école américaine et le ministère de la culture grec, révèle des vestiges impressionnants, notamment les ruines du temple d’Apollon, l’acropole et les vestiges de la ville romaine.


Epidaure, son sanctuaire d’Asclépios et son théâtre

Ancienne cité grecque située dans le nord-est du Péloponnèse, Epidaure était réputée pour son sanctuaire dédié au dieu de la médecine, Asclépios. Le site était aussi renommé pour son théâtre, encore très bien préservé et considéré comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre architecturaux de l’Antiquité. Construit au IVe siècle avant notre ère, il pouvait accueillir jusqu’à 14 000 spectateurs et reste réputé pour son acoustique exceptionnelle. Durant l’antiquité, les pèlerins venaient à Épidaure chercher guérison et conseils médicaux, contribuant à faire du sanctuaire à la fois un centre de culte et de pratique médicale. Outre le théâtre, le site comprend le temple d’Asclépios, des installations sportives, des bains et d’autres édifices. L’importance de ces vestiges a justifié leur inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO.


Thèbes, capitale de la Béotie et cité d’Œdipe

A ne pas confondre avec la capitale de la Haute-Egypte, la cité grecque de Thèbes était située en Béotie, au nord d’Athènes. Dans la mythologie, la cité est le berceau d’Héraclès et le centre de la légende d’Œdipe. Dans l’histoire, cette cité-Etat fut une rivale d’Athènes et de Sparte et domina même temporairement la péninsule grecque au IVe siècle avant notre ère. Son site archéologique a révélé les restes de ses fortifications, notamment sur son acropole, la Cadmée, mais aussi de temples et de théâtres.


Dodone, le sanctuaire et l´oracle de Zeus.

La cité de Dodone, nichée dans les montagnes du nord-ouest de la Grèce antique, est renommée pour son célèbre oracle de Zeus, l’un des plus anciens et des plus vénérés de toute la Grèce. Selon la mythologie grecque, Dodone était considérée comme le lieu où Zeus parlait à travers le bruissement des feuilles des chênes sacrés qui peuplaient la région, permettant aux prêtres et prêtresses de comprendre ses messages divins. Le sanctuaire de Dodone, entouré d’une atmosphère mystique et majestueuse, attirait des pèlerins et des visiteurs de toute la Grèce antique, en quête de conseils et de réponses aux questions les plus pressantes de leur vie. Outre son importance religieuse, Dodone était également un centre politique et culturel important, abritant des théâtres, des temples et des bâtiments administratifs. Son influence s’étendait bien au-delà de ses frontières, jouant un rôle crucial dans les affaires politiques et diplomatiques de la Grèce antique. Aujourd’hui, les vestiges archéologiques de Dodone offrent un témoignage fascinant de son passé glorieux, avec des ruines de temples, des théâtres en plein air, et des colonnes majestueuses qui évoquent l’aura mystique de cet ancien sanctuaire.

Vue du théâtre, © Onno Zweers, CC by SA 3.0

Délos, île sacrée d’Apollon et d’Artémis

Délos est une petite île des Cyclades, qui fut l’un des centres religieux et commerciaux les plus importants du monde grec antique. Considérée comme le lieu de naissance mythique d’Apollon et d’Artémis, Délos était sacrée et interdite à toute naissance ou décès humain. Cependant, la cité insulaire était aussi un port commercial prospère, attirant des marchands de tout le monde méditerranéen. Au Ve siècle avant notre ère, elle était devenue le siège de la Ligue de Délos, une alliance dirigée par Athènes.

Les vestiges archéologiques de Délos comprennent les temples d’Apollon et d’Artémis, les maisons privées richement décorées, les théâtres, et l’Agora des Italiens, une section réservée aux marchands italiens. Malgré son déclin dès la fin de l’antiquité, Délos demeure un site fascinant et un haut lieu de l’archéologie, et figure au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Malheureusement, le site archéologique de Délos est aujourd’hui menacé de disparition sous l’effet conjugué de la montée du niveau de la mer et de la tectonique des plaques, qui provoque simultanément le lent enfoncement de l’île.

>> Découverte d’épaves et de ruines submergées du port de Délos


Lindos et son acropole.

La cité antique de Lindos se situe sur l’île de Rhodes en Grèce. Elle aurait été fondée au XIe siècle avant notre ère. Durant l’antiquité, c’était un centre commercial florissant et un important port maritime. L’acropole de Lindos, avec ses fortifications, ses temples et ses autels, domine toujours la ville et rappelle l’ancienne importance de la cité. Le site archéologique comprend par ailleurs les vestiges de maisons, de bains publics et des rues pavées témoignant de la vie quotidienne des habitants de Lindos. Au pied de l’acropole se trouvent également les vestiges d’un théâtre, tandis que la tombe dite de Cléobule, tyran de Lindos, se trouve sur un promontoire faisant face à la cité.


Egine et le temple d’Aphaïa

Durant l’antiquité, la cité d’Egine, qui dominait l’île du même nom à quelques dizaines de kilomètres au sud-ouest d’Athènes, était une cité-Etat importante et prospère. Fondée vers le XXe siècle avant notre ère, la position stratégique de la cité, dans le golfe Saronique entre Athènes, Corinthe et le Péloponnèse, lui permit de devenir un centre commercial majeur. Egine exportait notamment des poteries de haute qualité et des sculptures en bronze, et disposait d’une importante flotte, jouant un rôle important dans les guerres médiques, en fournissant notamment des navires lors de la bataille de Salamine en -480. Mais au Ve siècle, Athènes monte en puissance et Egine finit par lui être soumise.

Cette riche histoire est visible dans le site archéologique de la cité d’Egine, qui présente d’importants vestiges, notamment de son temple d’Apollon, mais aussi des monuments civils de la cité, comme son agora et son théâtre, des vestiges d’habitations et de bâtiments publics. Mais le site archéologique le plus remarquable, situé à l’est de l’île, est probablement le temple d’Aphaïa, bien préservé, et remontant à la fin du VIe siècle ou au début du Ve siècle avant notre ère.

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Cnossos et la civilisation minoenne

La ville antique de Cnossos était le cœur politique, religieux et économique de l’ancienne Crète minoenne. Son noyau était un palais impressionnant comprenant des cours et terrasses, des escaliers et de vastes salles décorées de fresques témoignant de la sophistication de la civilisation de l’époque. Une ville se trouvait aussi à proximité du palais.

Les fouilles menées par Sir Arthur Evans sur le site au début du XXe siècle ont permis la redécouverte de ces vestiges, ainsi que celle de la civilisation minoenne, dont le souvenir avait survécu au travers des mythes grecs.