Découverte archéologiqueRome antique

Découverte de bains publics à Mérida, fleuron du passé romain ibérique

Augusta Emerita est une colonie romaine fondée en 25 avant J.-C. par l’empereur romain Auguste pour y réinstaller les soldats « émérites », c’est à dire démobilisés de deux légions qui avaient combattu lors des guerres cantabres (entre 29 et 19 avant notre ère) dans un conflit visant à soumettre la Cantabrie et à assurer la domination romaine sur la totalité de la péninsule ibérique. Cela explique son nom romain, mais vous la connaissez peut-être plutôt sous celui de Mérida, qui n’a conservé que le souvenir de la seconde moitié de son appellation d’origine. Son site archéologique, de première importance en Espagne, est aujourd’hui mis en lumière par de nouvelles fouilles.


Augusta Emerita, une colonie romaine majeure d’Hispanie.

La colonie, occupant une position stratégique au carrefour de plusieurs routes importantes la reliant à Lisbonne, Séville, Cordoue et Tolède, et proche de la rivière Guadiana, devient vite prospère. Vers – 15, elle devient la capitale de la nouvelle province de Lusitanie, puis jusqu’au IIIe siècle celle du diocèse d’Hispanie. Elle est dotée de monuments publics témoignant de son rayonnement comme centre culturel, économique, militaire et administratif. Elle compte ainsi plusieurs ponts, trois aqueducs, deux forums, des temples, un théâtre, un cirque et un amphithéâtre inauguré en -8. Son importance était telle qu’Ausone, un homme politique et lettré gallo-romain originaire de la région bordelaise, la classait au neuvième rang des villes les plus importantes de l’empire, devant Athènes.

Passée cette période, la ville suit le destin du reste de la péninsule et souffre des incursions des peuples germaniques qui envahissent l’Hispanie à partir de 409 : Vandales, Alains, Suèves, dont le roi Rechila meurt d’ailleurs dans la ville en 448. Puis arrivent les Wisigoths, qui en font même un temps leur capitale, avant de la transférer à Tolède. Lors de l’invasion arabe, c’est aussi à Mérida qu’Egilona, la dernière reine des Wisigoths, est capturée en 711. La ville est ensuite reprise en 1230 par les Chrétiens.

Malgré cette tumultueuse histoire, de nombreux monuments d’Augusta Emerita ont traversé les âges. L’ensemble archéologique de Mérida est aujourd’hui l’un des sites archéologiques les plus vastes d’Espagne. Son état de conservation a justifié son inscription au patrimoine mondial de l’humanité en 1993 comme un excellent exemple d’une capitale provinciale romaine. Quant aux recherches archéologiques, elles y ont encore un bel avenir.


La découverte de bains publics associés à l’amphithéâtre.

C’est ce potentiel archéologique, déjà exploité depuis longtemps, que mettent de nouveau en lumière des fouilles menées par le consortium Emeritense et les étudiants de l’université de Grenade. Ils ont décidé de se concentrer sur une partie du parc archéologique, proche du théâtre et de l’amphithéâtre, où des fouilles dans les années 1940 avaient mis au jour les vestiges de la Casa del Amphitheatre, encore partiellement ensevelis.

Cette grande domus était construite autour d’une cour trapézoïdale à portique, dotée d’un jardin au centre. Or, la campagne de fouilles a dégagé les restes d’un complexe thermal qui serait véritablement énorme pour une demeure romaine standard. C’est pourquoi l’équipe de recherche considère qu’il s’agit de bains publics, et non privés. Ce qui pousse à réinterpréter la Casa del Amphitheatre non comme une domus typique, mais plutôt comme un complexe public lié aux spectacles donnés dans l’amphithéâtre voisin. Cela expliquerait la taille des thermes, réservés à une élite urbaine et relativement, qui assistait aux spectacles donnés dans l’amphithéâtre voisin.

Ils diffèrent en cela de bains, eux aussi très bien conservés, découverts récemment sur une plage du littoral andalou, mais qui étaient eux fréquentés par une clientèle rurale et ouvrière.

Les archéologues continuent d’ailleurs de fouiller la Casa del Amphitheatre, dont ils espèrent compléter l’histoire et le plan. Car à l’heure actuelle, ses limites précises ne sont pas encore connues et attendent que les truelles des chercheurs ne les révèlent. Ainsi que d’autres vestiges qui s’ajouteront à la liste, déjà longue, des ruines romaines de Mérida.


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