Des archéologues polonais entament l’étude du tombeau du pharaon Chepseskaf
Une mission archéologique polonaise a lancé des recherches sur le tombeau du pharaon Chepseskaf, l’un des monuments les plus méconnus de l’Égypte ancienne. Situé dans la nécropole de Saqqara, près du Caire, ce tombeau appelé le Mastaba el-Faraoun, signifiant Le banc du pharaon, a longtemps suscité des théories et des mystères, sans jamais faire l’objet d’une étude approfondie. Les travaux, qui dureront deux mois, se concentreront sur l’exploration de son intérieur.
Un projet ambitieux pour percer les mystères de la fin de l’Ancien Empire
L’équipe d’archéologues, issue de l’Institut des Cultures Méditerranéennes et Orientales de l’Académie Polonaise des Sciences, a quitté la Pologne le 24 janvier avec le soutien de la Fondation Umbra Orientis. Les fouilles de la mission « Mastaba du Pharaon », menées en collaboration avec des chercheurs égyptiens, débuteront officiellement fin janvier. Selon la professeure Teodozja Rzeuska, responsable du projet, cette mission représente une occasion unique :
« Nous entamons un voyage fascinant qui, nous l’espérons, permettra de résoudre de nombreuses énigmes. Cette mission ne se limite pas à la découverte des secrets du tombeau de Chepseskaf. Elle nous plonge aussi à l’époque des bâtisseurs de tombeaux monumentaux, dont les grandes pyramides qui, encore aujourd’hui, alimentent l’imagination et suscitent de nouvelles questions scientifiques. »

Chepseskaf fut le dernier souverain de la IVe dynastie, succédant à Mykérinos. Il aurait régné entre 6 et 8 ans, à partir de -2500. Contrairement à ses prédécesseurs, il choisit de ne pas être enterré dans une pyramide mais dans une mastaba monumentale, un choix qui intrigue les spécialistes. Son règne marque ainsi une transition entre les immenses complexes pyramidaux de ses ancêtres, notamment les grandes pyramides édifiées à Guizeh, et les évolutions architecturales qui suivront. Car après son règne, la Ve dynastie inaugure une nouvelle ère marquée par un renforcement du pouvoir du clergé, l’essor du culte solaire et le choix d’Abousir comme nouvelle nécropole.
Des recherches approfondies sur l’architecture et le sarcophage royal.
Les fouilles prévues porteront notamment sur les origines de la construction du tombeau et la reconstitution de son sarcophage en basalte, détruit dès l’Antiquité. Des travaux sont également prévus sur le côté sud du tombeau, ainsi que sur une petite chapelle attenante à son mur est.
La nécropole de Saqqara abrite d’autres sépultures datant de la VIe dynastie, période qui marque la fin de l’Ancien Empire. L’une d’entre elle, celle du médecin royal de Pépi II, vient ainsi d’être récemment mise au jour. Sous le long règne de ce pharaon, qui aurait régné plus de 90 ans, le pouvoir royal s’affaiblit progressivement au profit des gouverneurs provinciaux, entraînant un morcellement du pays. Ce déclin politique aboutira à la première période intermédiaire, une ère de troubles marquée par des rivalités entre différentes cités et dynasties locales.
Au total, le lancement du projet a nécessité une levée de fond d’environ 57000 euros, financée par 2000 donateurs et la Fondation OmenaArt.
Une mission de longue haleine.
Le premier volet de la mission, en début d’année 2024, avait permis de réaliser des relevés précis du site, un modèle 3D du monument et une première étude de son environnement immédiat. Ces travaux ont posé les bases des futures recherches.
Le Dr Krzysztof Radtke, directeur adjoint du projet, souligne l’importance de cette mission :
« Obtenir l’autorisation du gouvernement égyptien pour étudier ce tombeau exceptionnel, dernier lieu de repos d’un roi de la IVe dynastie, est un immense honneur pour la science polonaise. C’est aussi une reconnaissance de nos contributions passées à l’archéologie égyptienne. Nous sommes extrêmement reconnaissants envers tous les donateurs et institutions qui ont rendu cela possible. Grâce à eux, nous pouvons approfondir notre compréhension de cette période encore mal connue de l’histoire de l’Égypte ancienne. »
Ces recherches pourrait bien révéler de nouvelles informations sur le règne de Chepseskaf ainsi que de nouveaux aspects de la fin de l’Ancien Empire, et enrichir notre connaissance des dynasties qui ont marqué cette période charnière de l’histoire égyptienne.
Source (en polonais) : Polscy archeolodzy rozpoczynają badania grobowca faraona Szepseskafa w Egipcie | Nauka w Polsce
Crédits photographiques : Jon Bodsworth