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Des pièces romaines découvertes au Japon

archipel-ryukuL’île d’Okinawa, à mi-chemin entre le Japon et Taiwan, est surtout connue en Occident pour la bataille de grande ampleur qui s’y est déroulée en avril et juin 1945. Pourtant, l’histoire de cette île et de son archipel est bien plus ancienne et mystérieuse, et la découverte de pièces romaines ne fait que renforcer son attrait.

Des seigneurs guerriers au royaume de Ryūkyū.

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Okinawa durant l’ère Shanzan. Au sud, le royaume de Nanzan, au nord de Hokuzan, au centre de Chūzan qui réunifie l’île en 1429.

Au début du XIIIe siècle, l’île est divisée entre différents seigneurs, qui construisent de nombreux châteaux, appelés gusuku. A partir de 1312, trois royaumes ont émergé de ces luttes  : c’est le début de la période Sanzan. Ils sont tributaires des Mings de Chine, mais sont finalement unifiés en 1429 par Shō Hashi, qui fonde le royaume de Ryūkyū et la dynastie Shō, qui perdurent jusqu’à l’annexion par le Japon en 1879. Ce royaume fonctionne sur un modèle féodal, mais Shō Hashi encourage le commerce vers les autres pays asiatiques, notamment avec la Chine et le royaume d’Ayutthaya.

Le château Katsuren.

Bien qu’il ait existé depuis le XIIe siècle, c’est à cette époque que prospéra la château Katsuren. Son aji (seigneur), Amawari, s’enrichit grâce au commerce et devint si puissant qu’il finit par représenter une menace pour le pouvoir central. En 1458, l’armée royale attaqua et détruisit le château, dont les ruines sont inscrites depuis 2000 à l’UNESCO avec six autres gusuku.

L’archéologie avait déjà révélé des vestiges de bâtiments splendides et des échanges commerciaux robustes avec le Japon, la Chine, la Corée et le sud-est asiatique. Des fouilles continuent à y être menées depuis 2013, et une découverte surprenante vient d’être faite : quatre pièces romaines. De quoi poser de nombreuses questions sur la manière dont elles sont arrivées sur l’île, à plus de 9000 kilomètres de leur lieu de frappe.

Des contacts directs improbables.

©Wochit News
©Wochit News

L’étude des pièces aux rayons X à l’université d’Okinawa a révélé qu’elles ont été frappées au IVème siècle : elles portent le profil de Constantin Ier (306-337) et d’un soldat portant une lance. D’autres pièces mises à jour lors des fouilles ont été examinées, parmi lesquelles seule une pièce ottomane, datée de 1687, a pu être identifiée.

Comment ces pièces ont-elles pu se retrouver aussi loin de leur point d’origine ?

Bien avant Marco Polo, quelques contacts directs entre l’empire romain et l’Extrême-Orient sont documentés. Qu’il s’agisse de marchands ou d’ambassadeurs, les sources chinoises signalent l’arrivée de Romains une première fois en 166, puis à plusieurs reprises au IIIe siècle. Des contacts intermittents sont encore mentionnés à l’époque byzantine, du VIIe au XIe siècles.

Il paraît pourtant peu probable que ces pièces proviennent d’échanges directs avec des marchands romains. Elles seraient plus vraisemblablement parvenues à Okinawa par le biais des intenses échanges commerciaux de l’île avec les autres pays asiatiques. La pièce ottomane ajoute un mystère supplémentaire, car elle date de 1687 alors que le château Katsuren a été détruit en 1458.

On ne saura peut-être jamais exactement comment ces pièces sont parvenues jusque-là, mais la poursuite des fouilles pourrait apporter d’autres informations sur cette découverte énigmatique. En attendant, si vous passez par Uruma, n’hésitez pas à jeter un œil au Musée d’Histoire de la ville, où elles seront exposées jusqu’au 25 novembre 2016.

 

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