Cnossos aurait survécu à l’effondrement de la civilisation minoenne
Dès l’antiquité, la cité-palais de Cnossos avait marqué les contemporains. Liés aux mythes de Minos, de Dédale et Icare, du labyrinthe et du Minotaure, le site d’un gigantesque complexe palatial fut découvert à la fin du XIXe siècle. Il fut exploré et restauré par Arthur Evans, qui développa le concept de civilisation minoenne et établit une chronologie fondée sur les découvertes archéologiques effectuées. La disparition de cette civilisation après la destruction de tous ses centres palatiaux, entre -1400 et-1100, a fait couler beaucoup d’encre sans être encore complètement élucidé. Les recherches récentes à Cnossos pourraient révolutionner notre vision des choses : la civilisation minoenne aurait survécu à l’effondrement de la fin de l’âge du bronze.
Cnossos, centre de la civilisation minoenne
Le site, peuplé dès le néolithique, a connu plusieurs époques d’occupations et une évolution importante. Le palais était le centre cérémonial et politique de la civilisation et de la culture minoenne et connaît son apogée entre -1700 et -1400 et s’étend sur près de 24000 m², comprenant des pièces de vie, des entrepôts et des ateliers, ainsi que des espaces cérémoniels. La richesse de la civilisation minoenne y était visible par son architecture ainsi que sa riche décoration de fresque, partiellement parvenue jusqu’à nous.
Le palais fut abandonné à la fin du l’âge du bronze, entre -1380 et -1100, dans des circonstances encore mystérieuses. On avance généralement les désastres naturels, notamment l’éruption du volcan de Théra, qui aurait entraîné une série de tsunamis, ainsi que des causes intrinsèques à la société minoenne. Toujours est-il que tous les palais crétois, sauf Cnossos, sont détruits et abandonnés et que les Mycéniens occupent ensuite probablement la Crète et Cnossos, jusqu’à ce que le site soit à son tour détruit au XIVe siècle avant notre ère.
De nouvelles découvertes remettent en question la fin des Minoens
C’était en tout cas ce que l’on pensait jusqu’alors. Si l’on savait que le site avait été occupé ultérieurement, on pensait qu’il n’avait jamais retrouvé une importance significative. Or, les découvertes liées au « Knossos Urban Landscape Project » et aux travaux de Kotsonas, de l’université de Cincinnati, montreraient qu’après l’effondrement du système socio-politique de l’âge du bronze, autour de -1200, le site de Cnossos ait connu un renouveau au début de l’âge du bronze et soit redevenu un hub cosmopolite de la région égéenne, important des produits de tout le bassin méditerranéen.
Le projet a permis la découverte de nombreux vestiges remontant au début de l’âge du fer, notamment des céramiques. Il s’étendent sur une zone importante qui n’avait pas été exploré jusqu’alors. Ces découvertes nous apprennent deux choses : – le site a connu une croissance considérable à cette époque, et aurait été trois fois plus importants que ce que l’on pensait jusqu’alors. Il était polarisé autour d’un centre et assez densément peuplé, occupant le cœur de la vallée de Cnossos.
– la communauté qui y vivait commerçait activement avec tout le bassin méditerranéen et les importations auraient cru en qualité et en quantité, concernant notamment du bronze, de la joaillerie, des ornements et des poteries en provenance de Grèce continentale, de Chypre, du Proche-Orient, d’Egypte, mais aussi d’Italie, de Sardaigne et de l’ouest de la Méditerranée
D’après M. Kotsonas, aucun autre site de la région égéenne ne présenterait un tel niveau d’importation pour l’époque : loin d’avoir disparu, Cnossos et sa civilisation aurait continué à rayonner au début de l’âge du fer.