Atelier de teinture de pourpre de l’âge du bronze découvert à Egine
On connaissait déjà l’importance de l’île d’Egine, dans le golfe Saronique au large d’Athènes, à l’époque classique de la Grèce antique. Des fouilles récentes viennent également attester de l’importance des établissements humains à des périodes plus reculées. Ainsi, les vestiges d’un refuge mycénien a récemment été fouillé au sommet du mont principal de l’île. Dernièrement, c’est la mise au jour d’un atelier de teinture de pourpre remontant à l’âge du bronze, plus précisément au XVIe siècle avant notre ère, qui vient d’être annoncée.
Cap Kolonna, un site archéologique de l’île d’Egine.
L’atelier se trouvait au cap Kolonna, sur la côte nord-ouest de l’île. Ce site archéologique est connu et fouillé depuis longtemps. Au XVIIIe et XIXe siècle, les voyageurs pouvaient encore voir deux colonnes et un morceau d’architrave d’un temple d’Apollon. A l’époque de l’expédition de Morée en 1829, une grande partie du temple d’Apollon fit l’objet de fouilles. Les recherches archéologiques se sont poursuivies sur le site par la suite jusqu’à nos jours. Depuis les années 90, elles s’intéressent en particulier aux périodes les plus anciennes, préhistoriques et mycéniennes.
La production du pigment pourpre à l’âge du bronze.
La civilisation mycénienne, tout comme la civilisation minoenne qui s’épanouit notamment en Crète, est une civilisation de l’âge du bronze qui s’épanouit en Grèce continentale et dans les îles proches entre -1600 et -1100. A cette époque, les teintures colorées font l’objet d’un commerce important en Méditerranée orientale. La teinture pourpre (également connue sous le nom de pourpre de Tyr) était la plus prisée. En effet, ce pigment provient de plusieurs espèces d’escargots de mer, des prédateurs de la famille des Muricidae. Ils peuvent sécréter cette substance dans la nature pour endormir leurs proies, comme revêtement antimicrobien sur leurs masses d’œufs ou comme mécanisme de défense lorsqu’ils sont menacés. Outre la pêche des animaux, la production de teinture pourpre était long, et se révélait par conséquent coûteux. Les objets colorés avec cette teinture ont par conséquent toujours été associés au pouvoir et à la richesse. Cette tendance culmine à l’époque romaine et byzantine, où la pourpre devient la couleur impériale par excellence.
Les fouilles de l’atelier de pourpre du cap Kolonna.
Sur le site archéologique, les archéologues ont retrouvé des traces de pigment violet sur des fragments de céramique, probablement des restes de récipients de teinture. Le pigment a aussi été découvert sur des pierres à moudre, ainsi que dans une fosse à déchets. Celle-ci contenait des coquilles écrasées, principalement d’hexaplex trunculus, un des escargots de mer qui peut servir à produire la pourpre. Les fouilles ont aussi permis la découverte de restes brûlés de porcelets et d’agneaux. Ce seraient des offrandes sacrificielles destinées à protéger l’atelier, ou à favoriser une abondante récolte d’escargots.
Pour la première fois, la découverte de quantités remarquables de pigments bien conservés, ainsi que d’un grand nombre de coquilles de mollusques broyées et de quelques installations fonctionnelles, permet d’avoir un aperçu détaillé de la production de teinture pourpre sur l’île grecque d’Égine il y a environ 3600 ans. L’analyse chimique par HPLC, les études malacologiques, zoologiques et archéologiques illustrent le processus technique et les particularités de la production de teinture ancienne et prouvent l’existence d’un atelier au sein de la colonie de la fin de l’âge du bronze ».
Auteurs de l’ETude
Crédits photographiques (si non spécifiés autrement) : Université Paris Lodron de Salybourg, CC-by 4.0.
Source (en anglais): More than just a color : Archaeological, analytical, and procedural aspects of Late Bronze Age purple-dye production at Cape Kolonna, Aegina.