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Squelette d’un panda géant retrouvé dans la tombe de l’empereur Wendi, près de Xi’An

Les archéologues ont découvert un compagnon à fourrure inattendu dans la tombe d’un ancien empereur chinois, près de Xi’an : le squelette complet d’un panda géant. Les chercheurs pensent que l’animal a été enterré aux côtés du du dirigeant pour faire étalage de sa richesse et de son pouvoir.


La découverte du mausolée de l’empereur Wendi.

Ce mausolée impérial, fouillé depuis 2017, a livré des vestiges décisifs aux chercheurs de l’Acadamie d’Archéologie du Shaanxi, chargés de la fouille. En effet, la découverte de sceaux ont permis de l’attribuer à l’empereur Wendi. Ce souverain de la dynastie des Han occidentaux a gouverné la Chine de -180 à -157. L’historiographie chinoise voit son règne de manière positive, considérée comme une ère de paix et de prospérité. L’empereur Wendi gouverne depuis Xi’An, ville du centre de la Chine et chargée d’histoire. Elle est en effet la capitale du premier empereur de Chine, puis celle de plusieurs dynasties postérieures, dont les Han occidentaux et les Tang. Durant cette période, les empereurs et hauts dignitaires font construire des mausolées monumentaux, en terre battue, pour eux-mêmes et le membres de leur famille. Aujourd’hui encore, le paysage est parsemé par ces monticules, dont le plus spectaculaire est la colline artificielle surmontant la tombe du premier empereur.

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Fouilles archéologiques du mausolée de l'empereur Wendi

Cependant, Wendi passait pour un modèle de tempérance, et presque d’ascèse. Après vingt ans d’un règne paisible, il aurait choisi de ne pas se faire inhumer avec ses ancêtres. Pendant des siècles, l’emplacement précis de sa tombe est perdue et l’on pense que le souverain est enterré dans les montagnes aux alentours de Xi’An. Mais les sources historiques auraient été mal interprétées. Le site archéologique, aujourd’hui identifié par les chercheurs chinois comme correspondant à son mausolée impérial, se situe en fait seulement à quelques kilomètres au sud de l’ancienne capitale, dans le district de Baqiao.

Sur un concept similaire à celui de la tombe du premier empereur de Chine, avec sa fameuse armée de terre cuite qui figure parmi les découvertes archéologiques les plus marquantes du XXe siècle, les chercheurs ont découvert de nombreuses fosses autour de la tombe de l’empereur Wen : plus d’une centaine. Dans celles-ci avaient été placés plus de 1500 objets servant d’offrandes funéraires pour accompagner le souverain dans l’au-delà. On compte notamment des figurines en terre cuite, des sceaux en bronze, des objets en fer, des chars et des chevaux en bronze.


Un bestiaire pour accompagner le souverain dans l’au-delà.

Parmi toutes ces trouvailles figure aussi le squelette du panda, retrouvé dans une tombeau de brique.

Le squelette de panda géant déterré dans la fosse des sacrifices d’animaux est très complet, avec sa tête tournée vers le mausolée impérial et sa queue vers l’ouest. Il devrait s’agir d’un panda géant vivant sur le versant nord des monts Qinling »

Equipe archéologique Institut d’archéologie de l’Académie chinoise des sciences sociales.

Les pandas géants ne vivent que dans le centre de la Chine, dans des régions montagneuses recouvertes de forêts d’altitudes (y compris autour de Xi’An), et sont souvent considérés comme l’une des icônes culturelles du pays. Cette image n’est pas récente : tout au long de l’histoire chinoise, ils ont été considérés comme des créatures nobles, parfaites pour symboliser la richesse et le pouvoir des élites.

Ce n’est pas la première fois que les archéologues trouvent des restes de pandas associés à une sépulture impériale. Dans les années 70, des fouilles mettent au jour le crâne d’un panda enterré à l’extérieur de la tombe de l’impératrice douairière Bo, la mère de l’empereur Wendi. Cependant, le reste du squelette de l’animal ne s’y trouvait pas, et ces animaux ne se retrouvent que dans les sépultures les plus prestigieuses de l’époque.

Cependant, les chercheurs n’ont pas seulement retrouvé le squelette du panda, mais aussi ceux de nombreux autres animaux. La plupart sont des mammifères, placés dans des récipients funéraires en brique, comme pour le panda. Mais des reptiles ont aussi été trouvés dans des cercueils en bois, et des oiseaux dans des récipients en poterie. Par ailleurs, les archéologues ont aussi retrouvé les squelettes d’autres animaux : un tigre, un yak, un taureau venant d’Asie du Sud, un takin du Tibet, et un squelette complet de tapir malaisien, une espèce aujourd’hui menacée, qui a disparu de Chine il y a environ 1000 ans. Dans la tombe de l’impératrice douairière Bo, la mère de l’empereur Wen, les chercheurs avaient également trouvé les restes d’un rhinocéros et d’un aigle royal.

Mais pourquoi sacrifier et enterrer près des tombes impériales ? D’après nos connaissances archéologiques actuelles, seuls les mausolées de empereurs, des impératrices et des impératrices douairières contenaient les restes d’animaux exotiques et d’oiseaux rares. Il semble qu’une grande diversité des sacrifices d’animaux sauvages était considérée comme un symbole du statut et du prestige des souverains et de leur famille proche. Par ailleurs, les fosses de sacrifice d’animaux pourraient être une réplique des jardins royaux et des fermes de l’époque, ce qui n’est pas sans rappeler la découverte de véritables « zoos » près des tombes des souverains prédynastiques d’Egypte. A contrario, les roturiers sont parfois retrouvés avec les restes d’animaux domestiques, notamment des chiens et des porcs.

La pratique d’enterrer des animaux dans ou près des sépultures de personnes issues des hautes sphères des sociétés se retrouve dans le monde entier. On peut penser notamment à l’Egypte, où ont été momifiés des milliers d’animaux. Ainsi en témoigne la découverte de restes de crocodiles dans les tombes de deux nobles du Moyen Empire. Ou encore la récente découverte d’un véritable zoo, enterré près des souverains de la période prédynastique égyptienne, en Egypte, en est un bon exemple. Même pour les plus modestes, il était courant dans certaines sociétés d’enterrer les animaux domestiques avec leurs maîtres – une pratique qui se poursuit encore parfois aujourd’hui.


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